Les traitements viticoles sous les radars de l’étude PestiRiv

L’Anses et Santé Publique France lancent une vaste enquête dans six régions de France visant à qualifier le degré d’exposition des populations aux abords des parcelles viticoles. Les résultats sont attendus pour 2024.

Existe-t-il une différence entre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture ? Telle est la question principale à laquelle vont tenter de répondre l’Anses (*) et Santé Publique France au travers de l’étude PestiRiv.

Décrite comme « inédite », l’étude est réalisée auprès de 3.350 participants tirés au sort. Il s’agit d’adultes de 18 à 79 ans et d’enfants de plus de 3 ans vivant dans des zones viticoles. Une partie de l’échantillon réside à moins de 500 mètres de vignes et à plus de 1.000 mètres d’autres cultures tandis qu’une autre partie réside à plus de 1.000 mètres de toute culture.

Outre ces deux échantillons, l’étude confronte deux périodes distinctes, à savoir une période à faible usage de produits (octobre 2021 à février 2022) et une période à fort usage (mars 2022 à août 2022).

Les participants sont repartis dans plus de 250 zones d’études, représentant des situations locales contrastées de six régions différentes (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur).

L’Anses et Santé Publique France avaient pris soin de jauger la réceptivité et le degré d’implication des participants en réalisant, à l’automne 2019, un test préalable dans quatre communes situées dans deux Régions distinctes.

Des mesures sur l’Homme et dans les milieux

L’exposition aux pesticides sera mesurée à la fois chez l’Homme et dans l’environnement avec des recueils d’échantillons d’urines et de cheveux pour mesurer les pesticides présents dans l’organisme des participants, des recueils de poussières, d’air à l’intérieur du logement, ou encore de fruits et légumes du jardin de certains participants. Des mesures de pesticides seront également effectuées dans l’air extérieur dans certaines zones viticoles et d’autres éloignées de toute culture. Les mesures dans les milieux concerneront une cinquantaine de substances.

Les mesures de pesticides seront complétées par d’autres données. Des questionnaires seront ainsi adressés aux participants permettant d’identifier les sources pouvant contribuer à leur exposition aux pesticides. Des éléments de contexte (conditions météorologiques et topographiques, probabilité de traitements des vignes, contribution éventuelle de l’eau au risque d’exposition...) seront aussi pris en compte.

Les résultats attendus pour 2024

Outre l’évaluation de l’exposition aux pesticides, l’étude a vocation à mieux connaître les sources d’exposition aux pesticides, à jauger l’effet de la distance du domicile aux vignes sur l’exposition, à étudier les liens entre les différentes voies d’exposition et leurs associations avec les niveaux d’imprégnation et enfin à décrire la variation de l’exposition au cours de l’année. Les résultats de l’étude PestiRiv sont attendus pour 2024. L’étude n’interféra donc pas avec la réglementation entourant les Zones de non traitement (ZNT), dont le Conseil d’État a demandé la remise à plat d’ici au 26 janvier 2022.

La vigne, qui concentre environ 20% des usages de produits phytosanitaires pour une part de SAU de 3%, n’a sans doute pas été choisie au hasard. Selon la dernière enquête d’Agreste, portant sur les pratiques phytosanitaires des viticulteurs, publiée en 2020 (mais relative à l’année 2016), la vigne fait partie des cultures concentrant le plus de traitements, avec une moyenne de 20,1 applications annuelles tous vignobles confondus, la Champagne (25,6) devançant le bordelais (24,7) et les Charentes (24,5). En Indice de fréquence de traitement (IFT), la Champagne (23,5) devance la Bourgogne (19,3) et le Beaujolais (18,7), la moyenne nationale se situant à 15,3. Agreste devrait prochainement rafraichir ses chiffres en publiant des données relatives à l’année 2019.

(*) Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail