Grains humides ou germés : les trieurs se veulent rassurants

Le Syndicat des trieurs à façon de France (STAFF) rappelle qu’un blé à maturité dont le taux d'humidité est supérieur aux normes de stockage fait une excellente matière première pour la semence. S’agissant des grains germés, un « triage sévère », doublé d’une sélection des parcelles en amont, permet de déjouer les risques.

Ne pas confondre la valeur boulangère des grains et leur qualité germinative : c’est le message délivré par le Syndicat des trieurs à façon de France (STAFF), dans un communiqué daté du 18 août. Depuis début août, la dégradation des conditions climatiques génère des inquiétudes chez les agriculteurs qui n'ont pas pu récolter leurs blés avant la pluie. Mais le périmètre géographique concerné est circonscrit.

Selon le STAFF, seuls les secteurs côtiers du quart Nord-Ouest de la façade maritime sont affectés par des phénomènes de germination sur pied, sur 5 à 50 km à l'intérieur des terres. « Nos clients sont intelligents, ils récoltent leurs grains dévolus à la semence dans les parcelles les moins touchées par la verse, déclare Sylvain Ducroquet, trieur dans les Hauts-de-France et vice-président de l'association européenne des trieurs de semence (EMSA). Et dans celles-ci, les moissonneurs évitent les blés couchés, les bords de haies et les placettes défavorables. Avec un minimum de précautions, il est facile de limiter la proportion de grains trop germés dès la sélection des lots au champ. Les chantiers où nous sommes dans l'incapacité technique de trier se comptent sur les doigts de la main ».

Ne pas confondre grains germés et grains trop germés

Quand le germe ne fait que pointer à l'extrémité du grain (stade point blanc ou prégermination), la valeur céréalière du grain est altérée mais il n'y a en revanche aucune dégradation de sa valeur semencière. Selon les trieurs, l'expérience du terrain montre plutôt un bénéfice, avec une accélération de la levée au champ. « Au final, il faut retenir que les agriculteurs peuvent faire des semences de ferme les yeux fermés avec des grains prégermés », indique le STAFF.

Si le germe n'est qu'aux premiers millimètres, 2 mm pour les plus prudents, 5 mm pour les plus joueurs, avec une variabilité selon les variétés, ses facultés germinatives seront conservées jusqu'au semis, il reprendra son développement en terre. En revanche, une fois que les radicelles apparaissent, le blé ne se conservera pas et dépérira avant le semis.

Le savoir-faire des trieurs

Entre les stades « point blanc » et « apparition des radicelles », le taux de germination est à prendre en compte pour décider, ou non, de faire de la semence de ferme, sachant la valeur de référence du taux de germination des semences est de 95 % mais qu'une valeur dégradée de 85 % est tolérée pour les céréales, à condition que cette moindre performance soit indiquée sur les sacs par une étiquette bleue pour permettre à l'agriculteur de corriger la densité de semis. Les adhérents du STAFF ont mis au point la méthode dite du « triage sévère ». Elle permet de traiter des lots entrant dont la valeur germinative est de seulement 70 % pour atteindre en sortie une valeur germinative de 85 %. Pour atteindre le niveau supérieur de 95 % en sortie, la valeur germinative brute doit être de 90%.

En ce qui concerne le taux d’humidité, jusqu'à 18%,  il n'y a aucun risque d'altération de la levée du semis, affirme le STAFF. « Un blé à maturité dont le taux d'humide supérieur aux normes de stockage fait une excellente matière première pour la semence, alors que sa valeur marchande est dégradée ».