Grand Est, grandes cultures, grande décarbonation

Les bilans carbone d’un premier échantillon de 35 exploitations du projet CarbonThinkt font ressortir un excédent de 3 t CO2e/ha/an. Si la variabilité des résultats est importante, une constante se dégage : le poids des engrais

Pas de recette toute faite et la prévalence des engrais : tel est, en raccourci, le bilan d’étape du projet CarbonThink, conduit dans la Région Grand Est (co-financeur avec le Feader), sous l’égide Terrasolis et de ses partenaires (*). Les raccourcis, Terrasolis, le pôle d’innovation bas carbone multi-partenarial basé à Châlons-en-Champagne (Marne), ne s’en satisfait pas. Et c’est la raison pour laquelle il explore le champ des possibles de la décarbonation à la mode agricole, et plus précisément en grandes cultures. Après un premier galop d’essai sur 10 exploitations, Terrasolis vise la réalisation à court terme de 100 à 200 diagnostics carbone sur tout le Grand Est.

85% des GES émis par les engrais

Les 35 premiers diagnostics, résultant très majoritairement d’exploitations situées en Champagne-Ardenne, ont donc livré leur verdict. Il fait ressortir des bilans nets médians de 3,02 tonnes de CO2 équivalent par hectare et par an (t CO2e/ha/an), avec des valeurs extrêmes comprises entre -1,11 et +12,60 t CO2e/ha/an. A noter que la moitié des fermes cultivent des légumineuses (pour 6% des ha du groupe), qu’un tiers  des surfaces reçoit des intercultures (pour un rendement moyen de 1.6 t MS/ha), que plus de 3 fermes sur 4 épandent des amendements organiques et que les stocks initiaux de carbone organique sont assez importants (environ 16,2 g/kg).

En ce qui concerne l’évitement des émissions brutes, le bilan s’établit en moyenne à 3,09 t CO2e/ha/an, avec des valeurs extrêmes comprises entre +2,19 et +17,89 t CO2e/ha/an. Côté séquestration, le potentiel de stockage de carbone dans le sol ressort en moyenne à 0,05 t CO2e/ha/an, avec des extrêmes compris entre -5,03 et +8,95 t CO2e/ha/an.

Moralité : les potentiels de progrès résident davantage dans l’évitement que dans la séquestration. Problème : l’azote, qu’il soit minéral et organique, est à l’origine de 85% des gaz à effet de serre émis, dont deux tiers au champ, ce qui n’est pas sans poser de questions, étant donné le poids des engrais dans la fabrication du rendement et de la marge.

Tout n’est pas perdu cependant : la fertilisation recèle des marges de progrès directes et indirectes, avec la poussée des légumineuses à graines et fourragères, l’émergence d’engrais minéraux fabriqués à partir d’hydrogène vert, la valorisation des digestats de méthanisation ou encore la réduction des pertes lors des épandages.