Influenza aviaire : l’OMSA donne son feu vert à la vaccination

L’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) invite ses 182 pays membres à envisager la vaccination comme un outil complémentaire au contrôle de la maladie, « sans conséquences négatives sur les échanges commerciaux ». La France dévoilera sa stratégie au mois de juin, en s’appuyant sur deux candidats vaccins ayant fait la preuve de leur efficacité sur les canards.

Envisager « la mise en œuvre de la vaccination comme un outil complémentaire de contrôle de la maladie », assurer « une surveillance rigoureuse » tenant compte « des facteurs locaux tels que les souches virales en circulation, l'évaluation des risques et les conditions de mise en œuvre », adopter « les meilleures pratiques en matière de vaccins », garantir «  l'utilisation de vaccins autorisés, fabriqués conformément aux normes de l'OMSA » : telles, sont parmi d’autres, les recommandations adoptées par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) en clôture de son assemblée générale le 25 mai à Paris, en vue de lutter contre l’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).

Actant d’une part « un changement notable dans l'épidémiologie et l'écologie du virus » constituant « une menace pour la santé animale, la santé publique, la sécurité alimentaire et la biodiversité » et d’autre part l’insuffisance des « mesures de lutte classiques de sécurité biologique, d'abattage sanitaire et de restriction des mouvements », l’OMSA a ouvert la voie à la vaccination contre l’Influenza aviaire. Outre les aspects sanitaires, les contingences économiques ont aussi pesé dans la décision de l’OMSA, évoquant des pertes « considérables générant des effets persistants sur les moyens de subsistance des éleveurs et leur santé mentale ».

« Pas de conséquences négatives sur les échanges commerciaux »

Toujours sur le volet économique, l’OMSA a engagé ses 182 pays membres à reconnaître que « le recours à la vaccination est conforme et n'a pas de conséquences négatives sur les échanges commerciaux, lorsque le programme de vaccination s'appuie sur des systèmes de suivi de la vaccination et de surveillance des maladies capables de démontrer l'efficacité de la vaccination et l'absence d'infection ». L’OMSA a ainsi levé les risques d’entrave au commerce qu’auraient pu faire valoir des pays importateurs, au motif que les animaux vaccinés auraient pu véhiculer le virus à bas bruit. Ce risque de rétorsion était notamment redouté par l’Anvol, l’interprofession de la volaille de chair dont les exportations représentent un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, le seul maillon génétique générant 60% de son chiffre d’affaires à l’export. « Conformément aux normes internationales de l'OMSA, le recours à la vaccination n'affectera pas le statut d'un pays ou d'une zone indemne d'influenza aviaire de haute pathogénicité si sa surveillance confirme l'absence d'infection », souligne l’organisation.

Stratégie française prochainement dévoilée

Le feu vert de l’OMSA ouvre la voie à la vaccination au sein de l’UE, conformément à l’acte délégué (UE 2023/361) adopté le 20 février dernier. La France, qui avait poussé le sujet depuis sa présidence de l’UE au premier semestre 2022, s’est « félicitée » du soutien de l’OMSA. Le ministère de l’Agriculture avait pris les devants en décembre dernier, en définissant un plan d’action et une esquisse de stratégie supposant de disposer de vaccins efficaces, autorisés, disponibles et accessibles aux plans financier et logistique. Une étape déterminante a été franchie il y a quelques jours avec l’annonce, par l’Anses, de l’efficacité avérée de deux candidats vaccins sur les canards. Le ministère  dévoilera au mois de juin la suite du processus, qui devrait déboucher sur les premières vaccinations à l’automne.

La double annonce de l’OMSA et de l’Anses tombe à point nommé, l’IAHP connaissant actuellement une résurgence dans le Sud-Ouest, avec l’irruption en quelques semaines de 75 foyers, dans les départements du Gers, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, portant à 390 le nombre de foyers recensés et à 6 millions le nombre d’animaux abattus depuis le 1er août 2022 en France, contre respectivement 1500 et 20 millions en 2021-2022.