L’agriculture, le numérique et le carbone

[Edito] Le numérique est souvent présenté comme une solution face aux grands enjeux actuels comme la lutte contre le réchauffement climatique. Il est d’ailleurs au cœur de la troisième « révolution agricole » souhaitée par le ministre de l’Agriculture. Mais derrière le « virtuel » se cachent des impacts environnementaux bien réels.

Au-delà de sa vocation nourricière et des services écosystémiques qu’elle assure, l’agriculture se doit désormais de répondre aux enjeux du bien-être animal, de la baisse des intrants chimiques, tout en limitant ses émissions de gaz à effet de serre et en stockant du carbone.

« Parce qu'il n'y a pas de pays fort sans agriculture forte, il nous faut une agriculture à même de répondre au double défi de la nutrition et du carbone », a déclaré le ministre de l’Agriculture à l’occasion du plan France 2030. Après la révolution du machinisme et celle de la chimie, le ministre estime que l’agriculture est à l’aube d’une « troisième révolution », fondée sur « le numérique, la robotique et la génétique ».

Impact du numérique

Une « révolution » déjà bien engagée sur le terrain et que le gouvernement veut accompagner à hauteur d’un milliard d’euros. Pour autant, ces technologies seront-elles à même de répondre au défi de la nutrition et du carbone ? L’exemple du numérique est intéressant, car il est à la fois un outil et un défi pour la transition écologique.

Les technologies digitales ont aujourd’hui un rôle central et essentiel dans tous les aspects de nos sociétés, et sont porteuses de fabuleux progrès dans le secteur agricole : agriculture de précision, météo, outils d’aide à la décision, mais aussi commercialisation des produits, lien social, ou encore communication autour de sa ferme et de son métier.

Mais ce même numérique, porteur de nombreuses promesses, est aussi une bombe à retardement en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Le secteur est déjà responsable de 4% des émissions mondiales de carbone, soit le double du secteur civil aérien mondial ! Et cet impact pourrait doubler d’ici 2025 en raison de la hausse des usages numériques, du déploiement de la 5G et du développement des objets connectés.

De la robotique à la traction animale

Car le « virtuel » a un impact bien physique : de la fabrication des terminaux au stockage des informations dans les centres de données, en passant par les infrastructures réseaux, chaque étape de production et d’utilisation des technologies numériques a un impact sur les ressources terrestres et contribue au changement climatique.

Pour lutter contre le changement climatique, la numérisation à outrance ne sera définitivement pas la solution. En septembre 2021, sur le salon Tech&bio, il était d’ailleurs intéressant de constater que les stands « robotique » et « traction animale » attiraient autant de monde l’un que l’autre. Les initiatives positives pour notre agriculture sont multiples et doivent toutes être expérimentées et soutenues.