L’école, futur terreau de l’éveil alimentaire et agricole

[Edito] Le gouvernement entend réapprendre aux écoliers du primaire le fruit de la terre et du travail de l’Homme, et faire ainsi reculer l’illettrisme agricole et alimentaire. Merci l’école de la République.

« Je crois que nous devons changer quelque chose dans notre rapport à l’alimentation, notamment dans nos sociétés développées où la nourriture transformée est devenue une norme. Ne plus avoir accès aux produits bruts, c’est se déconnecter de la terre qui nous nourrit, c’est s’éloigner de la planète : il nous faudrait en quelque sorte réapprendre à privilégier la courgette à la barquette ». C’est un des messages qu’a fait passer le président de la République au premier Sommet mondial à la Coalition pour l’alimentation scolaire, qui se tenait à Paris les 18 et 19 octobre. Créée en 2019, à l’initiative de la France et de la Finlande, avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), cette nouvelle instance s’est fixée pour objectif de permettre à chaque enfant dans le monde, d’ici à 2030, d’avoir accès aux repas scolaires nécessaires pour bien apprendre et bien grandir.

Une « équipe de France des cantines »

Selon le PAM, 41% seulement des enfants ont accès à une alimentation scolaire subventionnée. La France fait figure de bon élève. Les trois quarts des 13 millions d’élèves scolarisés mangent au moins une fois par semaine à la cantine, et 60% y mangent au moins quatre fois par semaine. Depuis 2020, 23 millions de repas à 1 euro ont été servis aux enfants des ménages modestes tandis que 250.000 élèves ont bénéficié de petits déjeuners gratuits sur l’année scolaire 2022-2023.

"L’alimentation scolaire n’est pas une dépense, c’est le meilleur des investissements : pour nos enfants, pour nos sociétés et pour la planète "

Le repas à l’école, c’est tout à la fois un instrument de santé publique, de justice et d’égalité sociale, de politique éducative, d’émancipation économique des femmes et d’apprentissage de la vie en société. « L’alimentation scolaire n’est pas une dépense, c’est le meilleur des investissements : pour nos enfants, pour nos sociétés et pour la planète », a soutenu Emmanuel Macron, qui entend constituer une « équipe de France des cantines » associant l’ensemble des acteurs, privés, publics, pour que les 80.000 cantines scolaires soient à la hauteur de nos « ambitions de sobriété et de qualité ».  Il a bien évidemment été question d’Egalim et des 50% de produits durables et de qualité, dont 20% de produits bio, lesquels plafonnent à 7% dans la restauration collective publique. « On sait faire un repas à 1,80 euro avec 70% de bio, ça s’appelle la transition alimentaire et ça dépasse le clivage bio, non bio », a défendu Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, auditionnée le 18 octobre par la Commission des affaires économiques du Sénat, sur l’avenir de l’agriculture biologique.

En attendant la SNANC et le PLOA

La transition alimentaire, ça sera l’affaire de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), programmée pour la fin de l’année, et dont la restauration scolaire sera l’un des vecteurs. « Privilégier la courgette à la barquette », « distinguer un fenouil ou une betterave », c’est l’expérience que vivront les écoliers à la rentrée 2024, selon les vœux du « chef » Macron, qui souhaite que « tous les enfants de France à l’école primaire enfilent leur tablier et préparent un repas pour leurs copains dans l’année ». A la rentrée 2024, chaque enfant scolarisé dans une école élémentaire devrait également bénéficier d’au moins une action de découverte de l’activité agricole, comme l’a affirmé le ministre de l’Agriculture, en dévoilant les grandes lignes du futur Pacte et loi d’orientation agricole (PLOA). L’illettrisme agricole et alimentaire est donc promis à reculer et le terreau l’emporter sur la terreur de lâches attentats. Merci, encore, l’école de la République.