[Dossier] 2023, l’année du sursaut pour l’agriculture biologique ?

Après des décennies de croissance ininterrompue, l’agriculture biologique vacille, sous l’effet d’une offre toujours en croissance et d’une demande plombée par l’inflation, dont tous les produits sous signe de qualité font les frais, et davantage les filières longues que la vente directe. Consommation à domicile, cantines, restaurants : les relais de croissance sont partout, selon l’Agence bio.

« Pendant 20 ans, on ne s’est occupé que de l’offre, il va falloir désormais s’occuper de la demande et faire en sorte que l’on devienne, en France, les champions de la consommation bio, autant qu’on est les champions de la production européenne de bio ». C’est ce qu’a déclaré Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, lors d’une table ronde réunissant des acteurs des filières et des marchés le 21 septembre à Valence (Drôme), dans le cadre de Tech & Bio.

Quelques chiffres sont révélateurs : 92% du marché alimentaire bio concerne la consommation à domicile (contre 75% bio et conventionnel confondus) mais le bio ne représente pour autant que 6% du budget alimentaire des ménages.

Premier enseignement :  il y a beaucoup à conquérir en restauration hors domicile, qu’il s’agisse des cantines publiques (7% de bio) ou des 170.000 restaurants commerciaux (1% de bio).

Second enseignement : à la maison, il existe aussi des marges de progrès, si l’on se réfère à des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, la Suède ou le Danemark, où les consommateurs consacrent entre 9% et 13% de leur budget alimentaire à la bio.

En revanche, la bio n’a pas de problème avec la prétendue concurrence du « local ». Pour Laure Verdeau, « le local, il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui le font. Ceux qui le font, c’est le bio. Il y a 26.000 fermes bio qui vendent leurs produits en direct, c’est un énorme maillage du territoire et c’est plus que tous les points de vente de la grande distribution ». Selon le dernier recensement agricole, 53% des producteurs bio commercialisent via une filière courte contre 19% des exploitants conventionnels.

Producteurs, collecteurs, transformateurs, opérateurs : tout le monde croit en la bio, y compris le ministère de l’Agriculture, qui a réitéré l'objectif de 18% de SAU bio à fin 2027 et qui a remis au pot, notamment en communication, après le plan d’aides de près de 200 millions d’euros décrété en mai. Reste aux consommateurs à se donner, sinon à leur redonner, les moyens de (ré)investir dans l’alimentation, et par effet domino, dans la santé et l’environnement.

Marc Fesneau : « Le bio a de l’avenir et il faut qu’on lui donne les moyens de son avenir »

En visite à Tech & Bio, le ministre de l’Agriculture a annoncé de nouvelles aides dédiées à la communication et au Fonds avenir bio, en attendant l’éventuel reliquat des aides à la conversion non consommées en 2023. La Fnab salue l’effort, avec quelques réserves. Lire l’article.

Marc Fesneau à Tech & Bio le 21 septembre, dans l’enceinte du lycée agricole du Valentin à Valence dans la Drôme (Crédit photo : R. Lecocq)
Marc Fesneau à Tech & Bio le 21 septembre, dans l’enceinte du lycée agricole du Valentin à Valence dans la Drôme (Crédit photo : R. Lecocq)

La Jersiaise des Combes, le Gaec qui résiste à la déprise laitière, à la déprime bio et au climat

[Tech & Bio 2023] A Châteaudouble (Drôme), Audrey et Thierry Gillos élèvent en bio une soixantaine de jersiaises dont une partie du lait et l’intégralité de la viande sont vendues en direct. Le Gaec compose avec les soubresauts du climat et les défections d’associés, moyennant une grosse dose de flexibilité, de technicité et de suractivité. Lire l’article.

Audrey et Thierry Gillos et leurs jersiaises à Châteaudouble dans la Drôme (Crédit photo : R. Lecocq)
Audrey et Thierry Gillos et leurs jersiaises à Châteaudouble dans la Drôme (Crédit photo : R. Lecocq)

« La bio est invisible et on en parle qu’en temps de crise »

Pour Christian Renault, spécialiste des politiques agricoles et alimentaires au sein d’AND-International, l’AB souffre d’un déficit de communication. A part de marché équivalente, le budget de l’Agence bio et de Lidl varie ainsi dans un rapport de 1 à 1000. L’économiste pointe également l’inflation alimentaire, qui pénalise tous les signes de qualité. Extraits captés lors d’une table ronde à Tech & Bio, le 21 septembre dernier. Lire l'article.

Christian Renault (au micro) : « Plus on entend parler d’une marque, plus elle est connue et plus elle est connue en bien. La bio est invisible, sauf dans les médias, où on ne parle que de la crise de la bio » (Crédit photo : R. Lecocq)
Christian Renault (au micro) : « Plus on entend parler d’une marque, plus elle est connue et plus elle est connue en bien. La bio est invisible, sauf dans les médias, où on ne parle que de la crise de la bio » (Crédit photo : R. Lecocq)

Bio : « Pour déjouer la crise, toujours plus de transformation et de vente directe »

[Tech & Bio 2023] A Portes-lès-Valence (Drôme), Aurélie Roux et Manuel Faure élaborent différentes farines et huiles, ainsi que des pâtes depuis peu pour capter de la valeur et développer la vente directe, initiée avec la production d’œufs. Pour le Moulin d’Aubin, la crise attendra. Talents Tech & Bio 2023. Lire l’article.

Manuel Faure, ex-psychologue du travail et Aurélie Roux, ex-éducatrice spécialisée (Crédit photo : R. Lecocq)
Manuel Faure, ex-psychologue du travail et Aurélie Roux, ex-éducatrice spécialisée (Crédit photo : R. Lecocq)

La bio pas encore sur le billot

Salué par les organisations agricoles, le plan de soutien de près de 200 millions d’euros semble (enfin) calibré à la crise qui secoue la bio, que les pouvoirs publics avaient abandonnée à la versatilité du marché et des consommateurs, rabaissant ainsi ses aménités environnementales. Lire l’article.

Mettre le sort de la bio entre les mains du marché, sans rémunérer ses aménités environnementales, c’est en demander un peu trop à la bio (Crédit photo : R. Lecocq)
Mettre le sort de la bio entre les mains du marché, sans rémunérer ses aménités environnementales, c’est en demander un peu trop à la bio (Crédit photo : R. Lecocq)

En bio depuis 1967 : « Tout va bien »

A Saint-Nazaire (Pyrénées-Orientales), l’Earl Le chant de la terre doit davantage sa subsistance et sa résilience au(x) marché(s) qu’aux aides publiques. Gage de durabilité s’il en est, elle se prépare à l’installation de la 3ème génération en bio, bien décidée à relever de nouveaux défis, et pas seulement technico-économiques. Lire l’article.

Nicolas Payré et son fils Thomas, aujourd’hui salarié, demain installé (Crédit photo : R. Lecocq)
Nicolas Payré et son fils Thomas, aujourd’hui salarié, demain installé (Crédit photo : R. Lecocq)

Agriculture bio : les chiffres 2022

Parmi les phénomènes saillants figurent la décélération des conversions, la baisse des achats des ménages mais aussi la progression des surfaces et des producteurs certifiés, les performances de la vente directe ainsi que l’origine France, qui culmine à 83% hors produits tropicaux. Lire l'article.

En 2022, la SAU bio couvre à 2,87 millions ha, en hausse de 2,7% sur un an, représentant 10,71% de la SAU. Le nombre d’exploitations bio s’établit à 60.483, en hausse de 3,5%. 14% des exploitations françaises sont certifiées AB (Crédit photo : R. Lecocq)
En 2022, la SAU bio couvre à 2,87 millions ha, en hausse de 2,7% sur un an, représentant 10,71% de la SAU. Le nombre d’exploitations bio s’établit à 60.483, en hausse de 3,5%. 14% des exploitations françaises sont certifiées AB (Crédit photo : R. Lecocq)

Moral de la bio : des producteurs fiers, résolus... mais inquiets

[Tech & Bio 2023] C’est l’enseignement du premier Baromètre du moral des agriculteurs bio réalisé par l’Agence bio. Pour sortir de la crise, les producteurs bio en appellent au collectif, au citoyen- consommateur à la puissance publique. Lire l'article.

Le marché de l’agriculture bio s’est retourné en 2023 mais les producteurs ont toujours les pieds sur terre... bio (Crédit photo : R. Lecocq)
Le marché de l’agriculture bio s’est retourné en 2023 mais les producteurs ont toujours les pieds sur terre... bio (Crédit photo : R. Lecocq)

45% de bio dans les cantines des collèges de la Drôme : qui dit mieux ?

[Tech & Bio 2023] Le Conseil départemental vise les 50% à horizon 2028, sans pressuriser les producteurs, sans faire flamber le prix du ticket de cantine, mais au prix d’un choix politique affirmé haut et fort, assorti d’une lutte contre le gaspillage. Lire l’article.

Agnès Jaubert, conseillère départementale, en charge de l’agriculture : « La Drôme a fait un choix politique, répondant au double objectif de ne pas pressuriser les agriculteurs et de contenir le prix du ticket de cantine » (Crédit photo : R. Lecocq)
Agnès Jaubert, conseillère départementale, en charge de l’agriculture : « La Drôme a fait un choix politique, répondant au double objectif de ne pas pressuriser les agriculteurs et de contenir le prix du ticket de cantine » (Crédit photo : R. Lecocq)

La bio, victime de l’inflation, mais aussi du « local »

C’est l’enseignement d’une étude de FranceAgriMer consacrée à l’impact de l’inflation sur la consommation alimentaire des Français en 2022, et qui relativise la concurrence des autres labels. L’écart de prix entre AB et conventionnel s’est pourtant resserré en 2022 mais son différentiel écologique peine toujours à convaincre. Lire l’article.

Local et bio ne sont pas antinomiques : si le local représente entre 1 à 2% des achats alimentaires des Français, le taux monte à 13% en bio (Crédit photo : R. Lecocq)
Local et bio ne sont pas antinomiques : si le local représente entre 1 à 2% des achats alimentaires des Français, le taux monte à 13% en bio (Crédit photo : R. Lecocq)

La bio à la conquête de la restauration collective et commerciale

L’Agence bio lance une campagne de communication destinée à inciter les professionnels de la restauration commerciale et collective à mettre davantage de bio au menu, dont les taux d’approvisionnement plafonnent respectivement à 7% et 1%. Lire l’article.

Le taux d’approvisionnement en produits AB s’établit à 7% en restauration collective et à 1% en restauration commerciale (Crédit photo : Agence bio)
Le taux d’approvisionnement en produits AB s’établit à 7% en restauration collective et à 1% en restauration commerciale (Crédit photo : Agence bio)