L’installation en Mayenne (2/4) : « Le stage de parrainage devrait être obligatoire »

Non issue du milieu agricole, Gwennaëlle Roussel a repris une exploitation produisant des volailles de Loué après une immersion de sept mois en stage de parrainage. Les dix ans passés au service de remplacement ont fait aussi beaucoup dans son apprentissage.

« Oh non, c’est une femme, est-ce qu’elle va savoir conduire le tracteur ? » Cette phrase, Gwennaëlle Roussel l’a entendue plus d’une fois en débarquant dans une cour de ferme, en tant que salariée du service de remplacement (SR) de la Mayenne. « A la fin de ma mission, les agriculteurs s’excusaient », retient-elle quelques années après avoir mis fin à cette (riche) expérience. Gwennaëlle est aujourd’hui à la tête de sa propre exploitation. A Arquenay (Mayenne), elle exploite 40 ha de grandes cultures et trois poulaillers en contrat avec la Coopérative des Fermiers de Loué.

Du service de remplacement au stage de parrainage

Non issue du milieu agricole, Gwennaëlle avait au départ pour bagage un bac agricole. Passionnée par le cheval de trait, et plus précisément par le Percheron, elle a exercé dans l’attelage, notamment dans le débardage de bois, avant d’intégrer le SR de la Mayenne. « Vaches, lapins, cochons, poules, tout est y passé, le service de remplacement, ça vaut toutes les écoles, on apprend sur le tas tout ce qui fait la richesse de notre métier ». Son expérience au SR forgera son attirance pour les volailles. En 2018, elle se met en quête d’une exploitation conjuguant ses centres d’intérêt, ses capacités financières et les impératifs géographiques de son mari, pompier volontaire.

"Dans mon cas personnel, je crois pouvoir dire que j’ai aussi été utile au couple de cédants, qui était âgé et pas très au fait des paperasses et d’internet"

Elle trouve son bonheur à Arquenay et passe par le stage de parrainage, proposé par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, véritable courroie de transmission entre le cédant et le repreneur, mais sans engagement des deux parties. « Le stage m’a confirmé que mon choix était le bon, déclare Gwennaëlle. Le stage de parrainage permet de comprendre l’histoire et tous les rouages de l’exploitation que vous vous apprêtez à reprendre. Il devrait être obligatoire. Dans mon cas personnel, je crois pouvoir dire que j’ai aussi été utile au couple de cédants, qui était âgé et pas très au fait des paperasses et d’internet ». Une formule gagnant-gagnant donc.

La jeune éleveuse représentait les JA de la Mayenne au Café de la transmission et de l’installation organisé par le Crédit agricole Maine Anjou le 16 mars dernier à Mayenne
La jeune éleveuse représentait les JA de la Mayenne au Café de la transmission et de l’installation organisé par le Crédit agricole Maine Anjou le 16 mars dernier à Mayenne

Ménager sa vie familiale et s’investir à l’extérieur

Quatre ans après l’installation, Gwennaëlle est complètement accomplie dans son métier et son statut d’éleveuse. Les alertes conjoncturelles concernent l’inflation des prix de l’aliment et de l’énergie, ainsi que l’épidémie de grippe aviaire, qui sévit avec une violence inouïe en Vendée, à l’autre extrémité de la Région.

Elle a continué de se former, sur la partie grandes cultures notamment, et veille à ménager sa vie personnelle (elle est mère de trois enfants) et à s’extraire de l’exploitation, aujourd’hui engagée au sein des JA, demain dans des associations. Si c’était à refaire ? « Je referais tout pareil », lâche-t-elle sans ambages.

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