La chasse au méthane est déclarée

[Edito] A la COP26, la France s’est engagée aux côtés d’autres nations à réduire de 30% ses émissions de méthane d’ici à 2030. Dans notre pays, les deux tiers des émissions de méthane sont dues à l’agriculture et à l’élevage en particulier. Gare à ne pas confondre chasse au méthane et chasse à la méthanisation.

Parmi les nombreux engagements pris à Glasgow (Ecosse) dans le cadre de la 26ème conférence mondiale pour le climat figure celui de réduire les émissions de 30% de méthane d’ici à 2030, comparativement à 2020. Un peu plus de cent pays s’y sont engagés, dont la France. Au plan mondial, les émissions de méthane sont à 60% liées aux activités humaines, avec en tête l’élevage (30%), l’exploitation du gaz et du pétrole (22%), les rizières (20%), les décharges à ciel ouvert (18%), l’extraction du charbon, les feux de forêt. Les 40 % d’émissions restantes sont d’origine naturelle (zones humides, lacs et rivières). En France, les émissions de méthane sont très majoritairement (68%) le fait de la fermentation entérique et la gestion des effluents (stockage et épandage), autrement dit de l’élevage, et ultra majoritairement bovin.

Le méthane, une réponse rapide au réchauffement

Le méthane (CH4), deuxième gaz à effet de serre en termes d’abondance derrière le dioxyde de carbone (CO2), est responsable de 25% du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle. Mais son pouvoir de réchauffement global (PRG) est 82 fois plus que celui du CO2 sur un horizon de vingt ans et 29 fois sur cent ans. Réduire les émissions de CH4 produirait un effet relativement rapide sur l’atténuation du réchauffement, mais aussi sur la santé humaine, du fait de ses incidences sur la qualité de l’air. D’où l’engagement de Glasgow dans la course de vitesse contre le réchauffement.

Dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone, dont la nouvelle version (SNBC2) fait actuellement l’objet d’une consultation publique, la France s’était déjà fixée des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre : -18% en 2030 par rapport à 2015 et -46% à l’horizon 2050. Le méthane représente 45% des émissions totales agricoles contre 42% pour le protoxyde d’azote (N2O), le solde étant le fait du C02 via la consommation d’énergie (carburant, chauffage...).

La méthanisation à la rescousse

Difficile de dire à ce stade si l’engagement de Glasgow rehausse ou non l’exigence, les périodes de référence étant différentes : 1990 dans le cadre de la SNBC2 et 2020 pour la COP26. Une chose est sûre : l’élevage va devoir faire la chasse aux émissions de méthane. Et dans la mesure où les émissions sont constitutives de l’existence même du cheptel bovin, le défi s’annonce particulièrement ardu.

Parmi les pistes explorées figurent la chasse aux UGB improductives, l’optimisation des rations et la réduction des pertes dues au stockage et à l’épandage, avec notamment un « Plan matériels d’épandage moins émissifs » visant à supprimer les matériels les plus critiques d’ici à 2025. La méthanisation, raisonnée et raisonnable, pourrait apporter sa pierre à l’édifice, en piégeant le méthane, tout en générant un biogaz renouvelable et un digestat riche en azote, le tout sur fond d’explosion des coûts de l’énergie et des engrais azotés, et d’une dépendance à 100% d’achat extérieur de gaz naturel.