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Unifa : « Les livraisons assurées en nitrates, des questionnements sur l’urée et la solution azotée »
Les usines françaises n’ont pas stoppé leur production de nitrates tandis que la distribution s’est couverte à plus de 60% en fertilisants azotés. L’incertitude pèse sur l’urée et la solution azotée, qui représentent 40% des usages. Côté prix, rien ne permet d’affirmer que le pic a été atteint.
« Les cinq usines françaises qui produisent des engrais azotés simples tournent, avec de l’ammoniac produit sur le territoire français sinon importé ». A l’occasion de la conférence de presse annuelle de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa), son président Renaud Bernardi s’est voulu rassurant. « Les industriels français tiennent leurs objectifs consistant à livrer en 2021-2022 les mêmes quantités de nitrates que celles livrées en 2020-2021 », a-t-il déclaré. Nous avons la forte volonté de de continuer à soutenir la ferme France et d’assurer aux agriculteurs français les engrais azotés dont ils ont besoin ».
Tous les pays européens ne sont pas logés à la même enseigne. Face à l’envolée des prix du gaz naturel, qui a vu son « prix multiplié par trois par rapport aux références historiques récentes et celui des engrais azotés multiplié par deux », selon l’Unifa, certains fabricants ont mis à l’arrêt certaines de leurs usines de production d’ammoniac, ce qui est le cas de certaines usines françaises, voire celles dédiés à la fabrication aval d’engrais, ce qui n’est pas le cas de la France.
Incertitudes sur l’urée et la solution azotée
Voilà pour la bouteille à moitié pleine, ou plutôt à 60% pleine. Car pour les 40% restants, correspondant à l’urée et à la solution azotée, les incertitudes demeurent réelles quant aux facultés d’approvisionnement. « A l’inverse des nitrates où l’on est sur des logistiques courtes, avec des productions française ou européenne, on est sur des logistiques plus longues et plus aléatoires, s’agissant de l’urée et de la solution azotée, poursuit Renaud Bernardi. Et très clairement, il y a des questionnements sur la fourniture de ces engrais, correspondant aux deuxième et troisième apports, caractérisés par des quantités importantes et des délais très courts. Le produit peut s’avérer disponible mais il faut une logistique efficace pour pouvoir livrer en temps ».
Si les fabricants font le forcing, les distributeurs ont de leur côté faite preuve d’anticipation, en se positionnant dès le mois de mai. « Comparativement à certains de nos voisins européens, la France a pris des engagements précoces, qui vont s’avérer probablement déterminants pour la suite de la campagne ». Selon l’Unifa, les distributeurs étaient couverts à plus de 60% en ce début du mois de novembre, sans plus de précisions sur la nature de ces engagements.
Le pic de prix pas encore en vue
En ce qui concerne les prix, l’Unifa se garde de tout pronostic quant à leur évolution dans les prochains mois. L’organisation relève néanmoins des signaux positifs. « La plupart des des grands stockage européens sont en train de se remplir, affirme Renaud Bernardi. On a également une situation géopolitique qui a l’air de se détendre un peu, avec des acteurs qui semblent mettre de la bonne volonté pour assurer à l’Europe son approvisionnement en gaz cet hiver. Mais la situation va rester tendue. Nous sommes dépendants des approvisionnements en gaz naturel et c’est bien cet élément qui va driver le marché des engrais azotés ».
Pour s’affranchir de leur dépendance au gaz, les fabricants d’engrais lorgnent sur l’hydrogène comme source de production d’ammoniac bas carbone sinon vert. Mais les perspectives industrielles restent encore lointaines, moins pour des aspects technologiques que financiers et liés aux coûts de production de l’hydrogène, à la capacité des fabricants à investir ou encore à l’adaptation des sites industriels.