La Coopération en quête d’aliment décarboné

La branche aliment de la Coopération agricole mise sur la relocalisation des protéines et sur le soja importé déforesté. Pour compenser le surcoût, un mécanisme de compensation carbone est à l’étude. Restera à la méthode CAP’2ER à prendre en compte la valeur réelle et non forfaitaire de l’impact carbone des aliments lors des diagnostics en élevage.

« L’impact carbone des élevages est dû pour 60 à 70% de l’alimentation et au sein du poste alimentation, les matières premières représentent 80% de l’impact ». En deux chiffres, Frédéric Monnier, vice-président de la Coopération agricole Nutrition animale, résumait là l’occasion d’une conférence de presse les enjeux de la décarbonation dans le secteur de l’aliment, avant d’en justifier leur appropriation par la coopération. « Si l’on veut pérenniser durablement nos activités et celles des filières animales, nous devons nous inscrire dans cette voie ».

Compenser le surcoût de la décarbonation par des crédits carbone

Relocaliser autant que possible et s’assurer de la durabilité des matières premières importées : tels sont les axes de travail de la coopération. Sur le second point, quatre de ses divisions (métiers du grain, pôle animal, nutrition et luzerne) ont signé la charte Duralim qui vise à bannir, d’ici à 2025, l’achat de soja issu de la déforestation.

En ce qui concerne la relocalisation, autrement dit la résorption du déficit en protéines, la coopération s’inscrit dans une approche globale. « Dans le cadre de la stratégie protéines, il nous faut travailler sur la sélection variétale et protéagineux et du soja, sur la contractualisation à la production et sur le développement d’outils de transformation », poursuit Frédéric Monnier. « Aujourd’hui, on importe du soja trituré, donc si l’on veut accroître notre autonomie, il nous faut des outils de transformation ».

Relocalisation et assurance zéro déforestation ont un point commun : celui d’induire un surcoût des matières premières, susceptible d’entamer la compétitivité des différentes filières animales. « Le soja déforestant a aussi une valeur », indique Valérie Bris, directrice de la branche nutrition de la Coopération agricole. « Cette valeur, ce sont des crédits carbone, susceptibles d’amortir le surcoût des matières premières à la durabilité certifiée. D’ici au premier semestre 2021, nous devrions disposer des conclusions d’une étude relative à mise en œuvre de la compensation carbone sur les aliments composés, sachant que la méthodologie pour certifier l’impact carbone des aliments existe et qu’elle est officiellement reconnue au plan international ».

Sortir de la valeur forfaitaire en carbone

L’étape suivante consistera à trouver des acheteurs de crédits carbone. Dès lors, les éleveurs acheteurs de ces aliments pourront eux-mêmes en répercuter les bénéfices sur leur propre bilan carbone. « Cette étape nécessitera une adaptation du calculateur CAP’2ER », précise Valérie Bris.  « Aujourd’hui, cet outil affecte une valeur forfaitaire aux concentrés. Il ne prend pas en compte les améliorations apportées au niveau des matières premières comme au niveau des formulations, pas toutes égales s’agissant des émissions de méthane par les ruminants ». Nous souhaitons travailler avec les filières animales pour sortir des valeurs moyennes et faire ruisseler les acquis tout au long de la chaine ».