Alimentation animale : objectifs zéro déforestation et approvisionnement local

Le syndicat des fabricants d’alimentation animale (Snia) se fixe un objectif de zéro déforestation d’ici 2025 pour le soja importé et un développement des cultures riches en protéines en France.

« Dans nos compositions d’aliments, 80% des produits qui entrent dans nos recettes sont d’origine française, fait savoir Philippe Maury, vice-président du Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia). Seuls 20% viennent d’Union européenne ou de pays tiers ». Comme toujours, le tourteau de soja reste le nerf de la guerre en matière d’autonomie alimentaire et protéique. En 2018, 2,3 millions de tonnes de tourteaux de soja ont été incorporées dans les aliments pour animaux en France.

« Les besoins en protéines changent d’une espèce à l’autre, mais en moyenne le tourteau de soja contribue à la plus grande part des apports en protéines en alimentation animale », rappelle Philippe Maury. Or, même si la production de soja a beaucoup augmenté en France ces dernières années (490 000 tonnes produites en 2020, +43% par rapport à la moyenne des cinq dernières années), elle reste insuffisante pour couvrir les besoins nationaux. En 2018-2019, la France a ainsi importé 46% de ses besoins en tourteaux de soja, dont les deux-tiers en provenance du Brésil. Un chiffre qui est toutefois en baisse régulière sur les 20 dernières années.

Importations françaises de tourteaux de soja en provenance du Brésil (millions de tonnes). Source : Commission européenne

Afin de garantir la durabilité des matières premières importées, la profession s’est engagée, via la charte Duralim, à un objectif de « zéro déforestation importée en 2025 ». Selon une étude à paraître, réalisée en partenariat avec le bureau d’études Céréopa, les surcoûts à prévoir vont de 21 millions d'euros (soja et palme « durables ») à 69 millions d'euros (soja et palme « 100% tracés »). « Pour le consommateur, ce surcoût se chiffre en centimes », précise François Cholat, président du Snia : entre 0,03 et 0,45% du prix de vente, toujours selon cette étude.

Les substituts au soja à l'étude

Outre son plan d’action sur la déforestation, les fabricants d’alimentation animale travaillent également au renforcement de l’autonomie alimentaire des élevages. « Toutes les sources de protéines qui sont cultivées peuvent être étudiées, affirme Philippe Maury. Notre métier de fabricant d’aliments est de se fournir avec le maximum de matières premières et de trouver la meilleure valorisation possible auprès des animaux ». L’amélioration du taux de protéines dans les céréales est également visée par la filière.

Et avec une production de colza en berne, les cultures candidates pour apporter des protéines végétales sont plus que jamais recherchées… encore faut-il que les débouchés et la rémunération soient là. En cela, la déclinaison française du plan protéines est attendue de pied ferme par les acteurs du secteur. « Le volet agricole du plan de relance identifie la nutrition animale comme un secteur stratégique, nous sommes prêts à y participer si le cadre des appels à projet le permet », affirme François Cholat.