La filière blé dur fait le pari de la premiumisation

La filière blé dur a adopté un plan stratégique privilégiant la valeur aux volumes. Elle vise une contractualisation à hauteur de 50% d’ici à trois ans et se veut proactive sur la génétique et les enjeux climatiques et environnementaux.

Des prix et une marge brute qui rivalisent toujours difficilement avec ceux des autres céréales, une forte variabilité des rendements et de la qualité en lien avec les phénomènes climatiques toujours plus paroxystiques, une absence d’incitation significative au niveau des politiques agricoles et des facteurs aggravants tels que la pression foncière ou le mitage : telles sont les menaces qui pèsent sur la filière blé dur. Résultat : les surfaces et la production ont été divisées par deux au cours de la décennie écoulée, affectant les quatre bassins de production, avec pour conséquences une déstabilisation des activités de collecte, de transformation et d’exportation et un risque de marginalisation de la filière blé dur.

Différentiels de marge brute entre blés durs et blés tendres (Source : Arvalis / FranceAgriMer)
Différentiels de marge brute entre blés durs et blés tendres (Source : Arvalis / FranceAgriMer)

Une démarche « blé dur premium »

Ce constat avait été dressé au début de l’année 2021 par la filière à l’occasion de sa 23ème Journée Filière Blé dur. Un an et une étude stratégique plus tard (*), la filière vient d’adopter un plan stratégique destiné à enrayer son affaiblissement, menaçant la diversité des assolements, l’économie des territoires et la souveraineté alimentaire. Le plan entend donner la primauté à la valeur plutôt qu’aux volumes, ce qui constitue un changement de paradigme pour la filière. Cette ambition va se matérialiser par la mise en œuvre d’une démarche « blé dur premium », valorisant la qualité et la logistique « made in France ». Un cahier des charges spécifique sera établi pour orienter en amont les itinéraires culturaux tandis que les opérateurs aval se chargeront d’adapter leur process et de faire la promotion de la démarche auprès des acheteurs.

Contractualiser 50% de la production

Pour sécuriser les agriculteurs, tant au plan technique que financier, la filière s’est engagée à contractualiser d’ici à trois ans 50% de la production. Des contrats-type seront élaborés et intègreront des indicateurs de coûts de production et des indicateurs de marché, lesquels font défaut aujourd’hui.

Pour répondre aux enjeux agronomiques et technologiques, la filière va se positionner sur les appels à projet qui seront lancés prochainement dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir 4 (PIA4). Le groupe de travail axé sur la génétique va par ailleurs mettre au point les bases d’un partenariat renouvelé et renforcé avec les sélectionneurs et l’Etat, afin de construire un ambitieux plan variétal répondant aux attentes des producteurs, des clients, des consommateurs et des citoyens.

Le quatrième et dernier axe a vocation à renforcer la durabilité du blé dur face aux enjeux du changement climatique et de la préservation de l’environnement et de la biodiversité.

(*) Étude conduite par le cabinet Ceresco et diligentée Intercéréales, l’AGPB, le Comité français de la semoule industrielle (CFSI), le Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France (SIFPAF) et FranceAgriMer