La grippe aviaire passe la barre des 100 foyers en élevage

Le Sud-Ouest, à commencer par les Landes, concentre 92 foyers sur un total de 102 comptabilisés par le ministère de l’Agriculture. L’an passé, 492 foyers de virus H5N8 avaient été recensés.

L’épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) est-elle en train de suivre une courbe exponentielle ? La question peut se poser, au vu des derniers chiffres publiés par le ministère de l’Agriculture. En date du 11 janvier, 102 foyers étaient recensés au sein d’élevages sur l’Hexagone, avec une très forte prévalence dans le Sud-Ouest, qui concentre 92 cas, dont 57 dans le seul département des Landes, où s’est rendu le ministre de l’Agriculture le 7 janvier dernier. Hors Sud-Ouest, on dénombre 8 foyers dans le Nord et 2 en Vendée. Une semaine en arrière, le nombre total de foyers répertoriés en élevage s’élevait à 34. Pour mémoire, le premier foyer en élevage a été détecté le 16 novembre dans le Nord et la grippe aviaire a fait irruption dans le Sud-Ouest le 16 décembre.

Les canards, mais pas que

La France travers sa quatrième crise sanitaire en six ans. L’an passé, l’épidémie de virus H5N8 s’était propagée à 492 foyers, dont 475 dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Elle avait engendré l’abattage de plus de trois millions de volailles, dont 1,1 millions au sein des foyers et 2,2 millions au titre du dépeuplement préventif.

En termes économiques, le Cifog a fait état d’une perte globale de 150 millions d’euros. Mais la filière des palmipèdes à foie gras n’est pas la seule à payer les conséquences des épidémies à répétition, qui impacte l’ensemble de la filière avicole, du fait de ses incidences en cascade sur la sélection, l’accouvage, la production d’œufs et de volailles de chair. A l’export, toutes produits confondus, le CGGAER a chiffré à 120 millions d’euros le coût des dommages collatéraux pour chacune des crises 2015-2016 et 2016-2017. Le développement des accords de zonage a permis de réduire l’impact à 20 millions d’euros en 2020-2021.

Il faut ajouter le coût pour les finances publiques, que le CGAAER évalue à environ 200 millions d’euros pour chaque épisode.

Protocole vaccinal

L’exportation, c’est justement l’un des freins à la vaccination, l’une des pistes envisagées pour contenir, aux côtés des mesures de biosécurité, une maladie devenue enzootique. De nombreux pays sont en effet rétifs à l’achat de produit issus d’animaux vaccinés. Le Cifog a du reste demandé à ce que le sujet de l’acceptation vaccinale soit débattu au niveau européen, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE.

De son côté, le ministère de l’Agriculture est néanmoins en train de se résoudre à la mise en place expérimentation, dont le protocole reste à écrire, en collaboration avec les interprofessions concernées.

Dans un rapport publié à l’automne dernier, le CGAAER plaide pour une vaccination préventive ciblée sur les palmipèdes gras du Sud-Ouest les années à risques élevé, tout en rappelant qu'aucun vaccin contre l’IAHP ne procure une immunité stérilisante supprimant totalement l’excrétion virale. Le but de la vaccination est de parvenir à un niveau d’immunité collective empêchant la circulation virale intra et inter-élevages.