La luzerne déshydratée doublement verte

Le préfanage à plat au champ et la substitution du charbon par des plaquettes bois dans les usines permet à la filière d’afficher un bilan énergétique positif et de renforcer au passage le bilan carbone, selon une étude de l’Inrae.

Un concentré de protéines sans apport d’azote, une culture bas intrants (eau comprise), une espèce mellifère, un excellent précédent, une couverture permanente du sol, un mini-puits de carbone : la luzerne est parée de toutes les vertus. Il ne lui manquait plus qu’à parfaire son bilan énergétique lors de la phase de déshydratation. C’est chose faite. Selon une étude de l’Inrae, la filière luzerne déshydratée peut désormais se prévaloir d’un solde énergétique positif. La quantité d’énergie contenue dans une tonne de granulé ou de balle de luzerne déshydratée dépasse de 1,2 GJ (giga joules) la quantité d’énergie consommée pour sa fabrication. Ce bilan s’entend sur la totalité du process, du semis de la culture jusqu’au stockage du produit fini. Sur la période 2018-2019, la filière luzerne déshydratée a ainsi contribué à l’effort national de réduction des gaz à effet de serre en stockant 1,15 million de tonnes de CO2.

Bilan énergétique de la luzerne déshydratée (Source : Coopération Agricole Luzerne de France)
Bilan énergétique de la luzerne déshydratée (Source : Coopération Agricole Luzerne de France)

L’Inrae a travaillé sur un échantillon représentatif de quatre unités industrielles dont la production représente 29% de la production nationale. Les données d’émissions recueillies sont rapportées selon la nomenclature et les référentiels officiels. Elles sont ainsi reconnues par les pouvoirs publics (ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture). Elles sont déclarées et vérifiées dans le cadre d’une convention établie avec le centre national technique de référence sur les émissions dans l’air et le changement climatique (CITEPA).

Moins d’eau, plus de plaquettes forestières

Pour améliorer le bilan énergétique, les producteurs ont généralisé le préfanage à plat. Le taux de matière sèche en entrée d'usine est ainsi passé de 23,8% en 2005 à 37,9% en 2019, sachant qu’une économie de cinq points d’humidité engendre une économie d’énergie de 20%. Au niveau des usines, le recours aux plaquettes de bois forestières en lieu et place du charbon a permis d’abaisser les émissions 0,739 tCO2/t à 0,276 tCO2/t soit une baisse de 63% sur la période 2001-2020. Le charbon demeure cependant, à l’échelle des 24 usines, l’énergie majoritaire de la filière. « La filière luzerne déshydratée entend continuer à adopter une démarche proactive d’amélioration continue de ses empreintes carbone-énergie » déclare Eric Guillemot, directeur de La Coopération Agricole Luzerne de France.

Le bilan carbone de la luzerne déshydratée (Source : Coopération Agricole Luzerne de France)
Le bilan carbone de la luzerne déshydratée (Source : Coopération Agricole Luzerne de France)

En France, la luzerne destinée à la déshydratation est cultivée par 6.500 producteurs su 68.000 ha, aboutissant à la production de 785.000 t de produits finis, dont 35% de granulés et 35% de balles. Les 24 usines, toutes coopératives, génèrent 1.000 emplois.