La montagne à l’assaut de la Pac et du PSN

En prévision du Plan stratégique national (PSN), les élus de la montagne et les représentants agricoles des massifs font cause commune et présentent leurs doléances, centrées autour de la défense de l’ICHN et des aides couplées et de la pleine reconnaissance des surfaces pastorales.

« Les services rendus par l’agriculture de montagne sont totalement en phase avec le cadre fixé par la Commission européenne et totalement en phase avec les attentes sociétales », déclare Philippe Lacube, président l’Association des chambres d’agriculture des Pyrénées (Acap). « Sans l’agriculture de montagne, la montagne n’existe pas », abonde Jeanine Jubié, présidente de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem).

Avec ces deux postulats de départ, on imagine mal la future Pac et sa traduction nationale qu’est le PSN tordre le coup à un pan entier de l’agriculture, qui concentre 50 000 exploitations familiales, reconnues pour la qualité de leurs productions, générant 250 000 emplois directs et un chiffre d’affaires de 8,5 milliards d’euros, sans compter les services écosystémiques que sont la prévention des incendies et des avalanches, et les 10 millions d’hectares de surfaces pastorales qui sont autant de puits de carbone et de biodiversité.

Trois lignes rouges

Et pourtant, aux dires des élus, ces acquis, dont certains obtenus de haute lutte lors de la précédente réforme de la Pac, ne seraient pas gravés dans le marbre. « Nous avons des incertitudes quant à la reconduction de certains soutiens à l’agriculture de montagne, indique Philippe Lacube. Nous entrevoyons le risque d’une déstabilisation de l’ICHN sous l’effet d’une redistribution des aides du second pilier. En conséquence, nous demandons la sanctuarisation de l’ICHN, à la fois dans ses principes et dans ses montants. Nous formulons la même demande s’agissant des aides couplées, qui sont d’une importance capitale pour nos exploitations de montagne, mais aussi de celles des zones intermédiaires et de l’arc méditerranéen ».

Les représentants des massifs formulent une autre requête, concernant les critères d’éligibilité des surfaces pastorales et le système de proratisation qui permet de prendre en compte la réalité de la ressource disponible. Dans le cadre actuel, cette appréciation est du ressort de chaque éleveur, sans pour autant être hors de contrôle des autorités.

La prochaine Pac pourrait entériner un système de reconnaissance par satellite, expérimenté en Espagne. « Des parcelles en forte pente ou encore les bois pâturés pourraient passer sous les radars, s’inquiète Philippe Lacube. Il n’y a rien de mieux que l’œil humain en la matière, d’autant que les éleveurs sont rompus à ce système ».

Sans pastoralisme et sans la préservation de milieux ouverts, pas de tourisme (Crédit photo : R. Lecocq)
Sans pastoralisme et sans la préservation de milieux ouverts, pas de tourisme (Crédit photo : R. Lecocq)

Rendez-vous au ministère

Au-delà de ces trois lignes rouges, les éleveurs de la montagne formulent d’autres requêtes. « Nous réclamons le doublement des aides allouées à l’installation des jeunes agriculteurs, déclare Jérémy Jallat, éleveur représentant le massif des Alpes. La surpondération des premiers hectares est tout aussi essentielle car elle est une forme de soutien à l’actif agricole ».

« En ce qui concerne les Eco-régimes, nous souhaitons qu’ils reconnaissent les efforts déjà réalisés par les éleveurs et dont certains ne sont pas pris en compte dans le cadre actuel », déclare Dominique Fayel, éleveur représentant le Massif Central.

Autant d’arguments que les élus comptent développer auprès du ministre de l’Agriculture. « Le système pastoral s’inscrit complètement dans les objectifs du Green Deal, conclut Jeanine Dubié. Il doit être reconnu à la hauteur de ses aménités. Il en va de l’avenir de nos territoires ».