La production française d’abricots attendue en hausse de 2%

[medFEL 2023] La prévision est cependant conditionnée à la possibilité d’irriguer les vergers, alors que les arrêtés sécheresse se multiplient. Inférieur à 2%, le taux de renouvellement du verger est insuffisant pour préserver le potentiel de production de la France, avertit l’AOP Pêches et abricots de France.

« La production française d’abricots sera supérieure de 2% à celle de 2022 et de 16% par rapport à la moyenne quinquennale 2017-2021 », déclare Eric Hostalnou, chef du service fruits et les légumes à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Les prévisions de production, française et européenne, ont été dévoilées au medFEL, dont la 15ème édition se tient à Perpignan (Pyrénées-Orientales) les 26 et 27 avril.

La production française s’établirait ainsi à 125.000 tonnes, avec en tête le bassin Rhône-Alpes (69.000t), devant le Languedoc-Roussillon (39.000t) et Paca (17.000t).

De nombreux départements producteurs d’abricots sont confrontés à des arrêtés sécheresse
De nombreux départements producteurs d’abricots sont confrontés à des arrêtés sécheresse

Production en baisse de 7% en Europe

Au niveau européen, la production reculerait de 7% pour s’établir à 500.000 tonnes, un niveau jugé « équilibré » par Eric Hostalnou, la production variant entre 400.000t et 650.000t au cours de la décennies écoulée. Premier producteur européen, l’Italie verrait son potentiel reculer de 26%, à 203.000t sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs climatiques (gel, grêle, froid), dont certains remontant à 2022, les fortes températures et la sécheresse ayant réduit la présence de bourgeons. Troisième bassin derrière la France, l’Espagne attend une production de 99.000t, en hausse de 52% sur un an, 2022 ayant été marquée par le gel. La Grèce ferme le ban avec 75.000t, en hausse de 36%.

Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et abricots de France : « De nombreux départements producteurs d’abricots sont confrontés à des arrêtés sécheresse »
Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et abricots de France : « De nombreux départements producteurs d’abricots sont confrontés à des arrêtés sécheresse »

Une production suspendue à l’accès à l’eau

Une incertitude majeure plane cependant au-dessus de la production française. « De nombreux départements producteurs d’abricots sont confrontés à des arrêtés sécheresse, s’inquiète Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et abricots de France. Il faut aussi redouter les phénomènes de canicule qui, l’an passé, nous ont fait perdre en qualités gustatives mais aussi en calibre ». A titre indicatif, la quasi-totalité du département des Pyrénées-Orientales est classée en alerte sécheresse renforcée depuis le 23 février, impliquant une réduction des prélèvements à des fins agricoles d’au minimum 50%. Une problématique qui n’est pas spécifique à la France, l’Espagne étant elle aussi contrainte par la ressource.

"On a besoin de plusieurs années positives et on doit vraiment relancer cette production pour approvisionner les marchés"

A plus long terme, l’AOP Pêches et abricots de France s’inquiète de l’érosion continue de la production française d’abricots. « On a un verger vieillissant et le potentiel de production d’abricots est plus proche de 120 à 130.000t, loin des 150 à 160.000t des années passées, s’inquiète Bruno Arnaud. Le taux de renouvellement du verger est inférieur à 2% contre 8 à 9% en pêches nectarines. On a besoin de plusieurs années positives et on doit vraiment relancer cette production pour approvisionner les marchés ».

Inflation : trouver le point d’équilibre avec la grande distribution

Les quatre années écoulées, marquées par deux épisodes de gel et deux épisodes de grêle, n’ont pas incité les producteurs à renouveler le verger. Le président de l’AOP Pêches et abricots de France se veut néanmoins « optimiste ». « Il faut arrêter de faire peur au consommateur. Un, il y aura des fruits et légumes dans les rayons. Deux, il y aura des fruits et légumes à un prix abordable. L’inflation, c’est pas uniquement à la consommation, c’est aussi à la production, avec l’énergie, les emballages ou encore la main d’oeuvre, avec des hausse du Smic tous les deux à trois mois. Il y a toute une discussion à avoir avec la grande distribution. Il va falloir trouver le juste milieu pour que tous les échelons de la filière s’y retrouvent, c’est un enjeu majeur. L’année dernière, on était aussi inquiet mais on était déjà dans un contexte inflationniste. On a trouvé un point d’équilibre, il n’y a pas de raison que l’on ne le retrouve pas cette année ». En 2022, l’abricot s’affichait à environ 4 euros le kilo en rayon.