Lancement d'un "éco-score" pour évaluer l'impact environnemental des produits alimentaires

Des acteurs de l'alimentation, parmi lesquels Yuka, Marmiton ou Open Food Facts, lancent un "éco-score" indépendant. Cet indicateur est censé mieux informer et "sensibiliser" les consommateurs sur l'impact environnemental des produits alimentaires.

Ce projet de notation sur le modèle du "nutri-score", allant de A à E, est l'objet de deux ans de travail d'un collectif rassemblant des applications de consommateurs comme Yuka, Open Food Facts ou Etiquettable, du site d'épicerie bio en ligne La Fourche qui revendique 27.000 foyers adhérents en France, Belgique et Luxembourg, des sites de livraison de plats FoodChéri ou de recettes de cuisine Marmiton.

Il est "indépendant" du "dispositif d'affichage environnemental" prévu par la loi de lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, ainsi que des expérimentations prévues par cette loi, précisent les différents acteurs, même si François Martin, de Yuka, reconnait qu'il était possible de les "faire converger".

Concrètement, cet "éco-score" indépendant prendra en compte l'analyse du cycle de vie du produit, la production, le transport, la fabrication des emballages, a expliqué Shafik Asal, cofondateur de ECO2 Initiative et Etiquettable, lors d'une visioconférence le 7 janvier. Il se base sur les données d'Agribalyse, produites par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME).

Cela donne lieu à un score sur 100, ensuite pondéré par des "critères qualitatifs supplémentaires" via un système de bonus/malus tenant compte de la recyclabilité des emballages, des labels, du pays de provenance, de la saisonnalité... Ainsi un riz produit en Inde serait mieux noté en étant bio, et encore mieux noté si produit en France.

Sur le site d'Open Food Facts, plus de 240 000 produits sont notés selon leur score ennvironnemental et nutritionnel.

Un projet loin de faire l'unanimité

En décembre, des associations écologistes et de consommateurs avaient estimé que ces données risquaient de "favoriser" l'agriculture intensive, l'analyse du cycle de vie "favorisant les cycles de production les plus courts, donc les plus industriels". L'interprofession de la viande Interbev avait de son côté pointé les "incohérences de systèmes d'évaluation environnementale incomplets".

Dans un communiqué publié le 7 janvier, Interbev monte à nouveau au créneau en dénonçant "une opération publicitaire qui va à l’encontre de l’objectif, partagé entre pouvoirs publics, ONG et filières, de proposer au consommateur un affichage environnemental fiable, transparent, complet et reposant sur une méthode de calcul solide et collectivement validée".

Les défenseurs du projet, "totalement conscients des limites de l'analyse du cycle de vie", dixit Shafik Asal, soulignent que les bonus-malus permettent de valoriser les produits labellisés ou produits localement. "Un boeuf à l'herbe français aura un meilleur score qu'un boeuf brésilien n'étant pas en prairie".

Dans l'immédiat, cet affichage environnemental - qui fait écho à l'une des préconisations de la Convention citoyenne pour le climat - sera disponible sur les applications des partenaires du collectif. Sur Open Food Facts, 240.000 produits disposeront ainsi de cet affichage, selon le collectif.