Le Cifog s’interroge sur la diffusion d’influenza aviaire dans le Sud-Ouest

L’interprofession du foie gras réclame « dans les plus brefs délais » des études épidémiologiques pour comprendre la situation toujours « évolutive » dans le Sud-Ouest, qui concentre à ce jour 32 des 41 foyers recensés en élevage. Le Cifog interpelle également l’État sur la vaccination des canards.

En date du 6 janvier, 41 foyers d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) sont recensés dans des élevages de l’Hexagone, selon le décompte quotidien opéré par le ministère de l’Agriculture. Sur les 32 foyers identifiés dans le Sud-Ouest (20 dans les Landes, 7 dans les Pyrénées-Atlantiques et 5 dans le Gers), deux des cinq zones critiques connaissent toujours une situation évolutive, selon l’interprofession du foie gras (Cifog), « malgré toutes les mesures de prévention et de lutte actuellement appliquées avec la plus grande rigueur par les producteurs », indique-t-elle dans un communiqué. L’interprofession des palmipèdes à foie gras réclame la mise en place, « dans les plus brefs délais d’études épidémiologiques par les services sanitaires pour comprendre les causes de cette diffusion du virus dans cette zone évolutive ».

Cet hiver 2021-2022 inaugure un nouveau cadre réglementaire consistant à claustrer toutes les volailles en cas de risque élevé d’IAHP, ce qui est le cas depuis le 5 novembre dernier, avec des dérogations sous filet et sous conditions pour les élevages de plein air.

A date, une baisse de 35% des élevages impactés

Détectée pour la première fois cette saison dans un élevage du Nord le 26 novembre, l’IAHP a fait irruption dans le Sud-Ouest le 16 décembre, au sein de la zone critique à forte densité d’élevages et de palmipèdes. L‘épidémie n’est toujours pas circonscrite, en dépit de l’arsenal déployé : mise à l’abri des canards, baisse des densités dans les zones à risques de diffusion (ZRD), détection précoce des signes cliniques, analyse libératoire avant transport, dépeuplement des foyers très rapide par les autorités, décision d’un dépeuplement préventif des canards dans un rayon de 3 km autour des foyers...

"La situation serait beaucoup plus dramatique si les mesures de protection n’avaient pas été prises"

« La situation serait beaucoup plus dramatique si les mesures de protection n’avaient pas été prises », a déclaré Julien Denormandie le 4 janvier en conférence de presse, indiquant que l'année dernière à cette même date, la diffusion du virus était « hors de contrôle », avec un nombre de foyers 35% supérieur à celui qui prévaut début janvier 2022. En date du 4 janvier, entre 600.000 et 650.000 animaux ont été abattus pour cause d’IAHP, selon le ministère. Le chiffre s'était élevé à plus de trois millions lors de l'épizootie 2020-2021.

Le ministre de l’Agriculture assume totalement la feuille de route établie avec la profession au début de l’été dernier. « On observe des diffusions quel que soit le type d’élevages », a-t-il précisé, refusant d’opposer les modèles industriels et fermiers et/ou autarciques. « Le virus ne vient pas des élevages mais des oiseaux migrateurs. Mais après, il peut se diffuser plus facilement dans les zones denses soit par voie aérienne soit par transport ad hoc », a-t-il concédé.

La cartographie des foyers et des zones réglementées au 4 janvier (Source : ministère de l’Agriculture)
La cartographie des foyers et des zones réglementées au 4 janvier (Source : ministère de l’Agriculture)

« Porter le sujet de la vaccination au niveau européen »

Outre des études épidémiologiques, le Cifog demande « la mise en place dans les plus brefs délais de la cellule de coordination prévue pour la gouvernance de crise sous l’autorité du préfet de région avec une réunion quotidienne réunissant tous les intervenants pour faciliter et accélérer la coordination des actions ». Il demande aussi la priorisation des indemnisations des élevages déjà touchés l’an passé et n’ayant pas perçu leur solde d’aides.

"Cette question de la vaccination, il faut la mettre sur la table, avec beaucoup de méthode, en travaillant avec les professionnels"

Le Cifog réclame enfin des avancées sur la vaccination des canards pour appréhender notamment la problématique de son acceptation sur les marchés exports, un sujet documenté dans un récent rapport du CGAAER. « Ce dossier doit être traité au niveau européen, car tous les pays sont touchés, et à ce titre, doit impérativement faire partie de la feuille de route de la Présidence française de l’Union européenne », préconise le Cifog. « Cette question de la vaccination, il faut la mettre sur la table, avec beaucoup de méthode, en travaillant avec les professionnels », avait déclaré Julien Denormandie le 4 janvier.

Le ministre de l’Agriculture a par ailleurs indiqué que l’arrêt du broyage des canetons femelles était un « sujet qu’il avait bien en tête », mais avec un calendrier pas encore précis compte tenu des défis techniques posés par l’ovosexage des gallinacés. En ce qui concerne les poussins, la France s’est engagée à mettre fin au broyage des poussins mâles d’ici à la fin de cette année.