Le limousin Label Rouge veut relever le défi de la restauration collective

Du jeune bovin Label Rouge dans les cantines : l’ambition permettrait à la fois de booster le débouché français sur ce segment et de répondre aux objectifs de la loi Egalim visant 50% de produits de qualité dans les cantines en 2022. Un défi que la filière des viandes limousines Label Rouge entend bien relever.

Faire manger du jeune bovin aux Français grâce aux cantines : il y a quelques semaines, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie appelait les élus locaux à « faire le pari de cette viande de qualité et avoir le réflexe jeune bovin au moment où les menus des cantines sont établis ». Banco !, répondent les représentants de Limousin Promotion (association qui promeut les viandes limousines Label Rouge). « Nous pouvons fournir du jeune bovin Label Rouge avec notre catégorie "Junior" (viande issue d’animaux exclusivement de race Limousine ne dépassant pas 18 mois pour les mâles et 28 mois pour les femelles) », affirme Jean-Pierre Bonnet, président de Limousin Promotion.

Alors que la restauration hors domicile (RHD) ne représente encore qu’une très faible part des volumes commercialisés en viande Label Rouge, l’association compte bien pénétrer ce marché, d’autant que la loi Egalim prévoit au moins 50% de produits de qualité et durables (dont Label Rouge) au sein des services de restauration scolaires, universitaires, des établissements de santé, des établissements sociaux et médico-sociaux et des établissements pénitentiaires. En 2020, les ventes de viande labellisées à destination de la RHD ont d’ailleurs sensiblement augmenté (+50 tonnes). « Nous avons beaucoup de demandes de la part d’entreprises », indique Jean-Marc Escure, le directeur de l’association.

+400 tonnes de viande hachée

Une autre ambition de Limousin Promotion pour les années à venir est le développement de la part de viande hachée. « Dans ce segment, le Label Rouge ne représente qu’une infime partie alors que 55% de la viande bovine est consommée en viande hachée », poursuit Jean-Marc Escure. Une consommation de viande hachée qui a d’ailleurs été boostée en 2020 avec les confinements : d’après l’institut Nielsen, les ventes au détail de viande bovine hachée fraiche ont augmenté de près de 14% sur l’ensemble de l’année 2020. Un succès également constaté dans les ventes de viande hachée Label Rouge (+400 tonnes en 2020).

Malgré le contexte sanitaire (ou grâce à lui), l’année 2020 a été globalement dynamique pour les ventes de Label Rouge. Pour les viandes limousines labellisées, cela se traduit par une progression de 19% sur le bœuf (+900 tonnes) et de 15% sur le Junior (+300 tonnes). « Les consommateurs se sont tournés vers la qualité française », se réjouit Jean-Marc Escure.

Le contexte sanitaire a aussi profité aux commerces de proximité : les artisans bouchers ont vendu plus de viande en 2020 alors qu’un effet contraire a été enregistré auprès de la GMS, notamment des hypermarchés qui ont, pour certains, stoppé les viandes Label Rouge pendant le premier confinement. Le débouché GMS représente un tiers des ventes de la filière, qui souhaite développer ce segment. « Pour 2021, nous avons d’ailleurs reçu de nombreuses demandes de contrats avec de nouveaux magasins », constate Jean-Marc Escure, qui y voit l’effet positif de la loi Egalim.

Quant aux velléités de la filière de pénétrer le marché chinois, elles ont été stoppées net par la crise sanitaire du coronavirus. Il y a un an tout juste, Limousin Promotion était prêt à envoyer en Chine un conteneur de viande de bœuf limousin junior Label Rouge et un conteneur de viande de porc limousins Label Rouge, considérés dans le pays comme des produits de luxe. « Nous sommes toujours prêts à exporter mais il n’y a plus de demande pour le haut de gamme. Or, c’est sur ce créneau que nous nous positionnons, pour vendre à un prix rémunérateur. Mais nous ne désespérons pas et le jour où nos partenaires chinois appuieront sur le bouton nous serons vite en capacité d’exporter », conclut Jean-Marc Escure.