Le méthane, ce gaz au pouvoir 29 fois plus réchauffant que le CO2

[Bovin : conjoncture sem 45-2021] Le méthane associé aux « pets » des bovins est loin d’être le plus gros émetteur de ce gaz.

La cop26 se termine et l’une des projections pour ralentir rapidement le réchauffement de la planète serait de s’attaquer aux émissions de méthane, ce gaz qui a un pouvoir réchauffant nettement plus élevé que le gaz carbonique. Sa durée de vie limitée est également un atout (10 ans contre plus de 100 pour le CO2). Même s’il ne représente que 11% des émissions de gaz à effet de serre contre 80% pour le C02, le méthane est un levier d’autant plus séduisant pour les dirigeants politiques et économiques que les solutions existent, qu’elles sont peu coûteuses et leur effet immédiat. L’objectif signé par les gouvernements présents à la COP26 est une réduction de 30% d’ici 2030.

Si dans l’esprit des consommateurs, le méthane est associé aux « pets » des bovins, ce sont en réalité leurs rots qui en rejettent. Néanmoins, l’agriculture est loin d’être le plus gros émetteur de ce gaz. En effet, la première source de pollution vient des fuites sur les installations gazières. Réduire ces fuites ou boucher les puits qui ne sont plus exploités ne semble pas insurmontable pour les producteurs d’hydrocarbures (sauf que la Russie et la Chine n’ont pas ratifié cet accord). L’autre levier de maitrise d’émission de ce gaz vient dans la gestion des déchets. Les décharges en représentent 20%. L’explication se trouve dans la fermentation des déchets. Chaque année, entre 20 et 30 kilos de nourriture par personne sont gaspillés en France. Cela s’ajoute à nos déchets domestiques non recyclés qui atteignent 270 kilos par personne et par an. En cause, ce que nous consommons et achetons sans consommer. Le développement de la méthanisation agricole est souvent cité en exemple, contrairement aux grosses usines qui peinent à gérer les stocks en décomposition en attente de traitement.    

En revenant aux animaux, la solution simple serait de réduire les effectifs, mais ce serait mettre en péril notre sécurité et autonomie alimentaire. Le recul conjoncturel est déjà assez inquiétant en soi. Des solutions existent pour réduire la production de méthane des ruminants (conduite du troupeau et des exploitations, utilisation de graines et tourteaux de lin…) Des inhibiteurs de méthane prometteur sont en développement et pourraient à eux seuls réduire de 30% ces émissions.

Enfin, le permafrost sibérien (terre gelée en permanence) libère également beaucoup de méthane avec le réchauffement de la planète, mais là l’action de l’homme est limitée et ne pourra se voir que dans quelques dizaines d’années, s’il réussit à limiter le réchauffement de notre planète.

Hausse des prix

Le recul de la production évoqué précédemment à tendance à s’amplifier, face à une courbe démographique défavorable (départ à la retraite) et à un manque sérieux d’attractivité du secteur malgré les efforts produits pour installer des jeunes. Cette baisse du cheptel français impacte l’ensemble de l’UE, car notre pays est le premier fournisseur de bovins maigres pour nos voisins européens. Comme en France, de nombreux pays ont recentré leur consommation sur les aliments nationaux (produits sur leur territoire) ou de l’UE. Le redémarrage de l’économie post-confinement a relancé la consommation quand la production baissait. L’effet ciseau se retrouve aujourd’hui sur les prix, avec des hausses significatives dans tous les pays, sans l’effet de la loi Egalim2. Cette dernière sera en revanche au cœur des négociations commerciales des prochains mois.            

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