Les néonicotinoïdes officiellement ré-autorisés en betterave

L’utilisation de semences traitées à l’imidaclopride ou au thiaméthoxam est autorisée pour la campagne 2021, moyennant un encadrement de la rotation. Un avis de l’Anses est attendu s’agissant d’un avancement de la réintroduction du maïs et du colza sur les parcelles concernées.

Après la loi 2020-1578 du 14 décembre 2020, l’instauration d’un Conseil de surveillance et enfin l’organisation d’une consultation publique (du 4 au 25 janvier), l’arrêté du 5 février 2021 entérine la ré-autorisation pour les betteraves sucrières des traitements de semences à base d’imidaclopride (Gaucho 600 FS) et de thiaméthoxam (Cruiser SB), pour une durée de 120 jours.

Afin de réduire les risques vis-à-vis des pollinisateurs, l'arrêté dresse la liste des cultures mellifères pouvant être implantées sur les parcelles ayant reçu des betteraves traitées :

- campagne 2022 : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque semences, moha, oignon, orge, ray-grass, seigle.

- campagne 2023 : chanvre, maïs, pavot/œillette, pomme de terre.

- campagne 2024 : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce.

Le maïs et le colza avancés d’une campagne ?

Dans un communiqué, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) « se réjouit de cet aboutissement très attendu mais déplore les fortes restrictions imposées sur les cultures suivantes qui impacteront les bonnes pratiques agronomiques ». Le maïs et le colza, réintroductibles respectivement pour les campagnes 2023 et 2024, sont notamment visés.

A l’occasion de la consultation publique, des contributeurs ont fait valoir que l’absence de colza ou de tournesol serait source de « famine » pour les pollinisateurs tandis que d’autres ont indiqué que l’avis de l’Anses, sur lequel reposent ces préconisations, porte sur « des doses d’emploi plus élevées que celles proposées par l’ITB et traitées selon une méthode statistique prédictive et non sur une mesure in situ des risques ».

La filière s’est en effet engagée à réduire les doses de substance active de 25 %, s’ajoutant à l’implantation de 4 000 ha de surfaces mellifères dans les régions betteravières.

Le Conseil de surveillance a demandé au gouvernement d'étudier la possibilité de compléter le projet d'arrêté par des dispositions permettant d’anticiper  d’une année l’implantation du maïs (soit 2022 au lieu de 2023) et du colza (automne 2023 au lieu de 2024), moyennant la mise en œuvre de mesures d'atténuation du risque.

Concernant le maïs, il s’agirait de bannir les semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes sur tout le pourtour des parcelles (18 rangs, 8 m minimum) et d’implanter l’équivalent de 2% de la sole betteravière traitées en cultures mellifères en 2021 et 2022. Concernant le colza, il s’agirait d’implanter un mélange composé d’au moins 50% d’une variété précoce à floraison de type Es Alicia ou d’une variété équivalente, sur une surface représentant au moins 10 % de la sole de colza de l’exploitation concernée et sur laquelle n’auraient pas été cultivées des betteraves traitées avec de l’imidaclopride ou du thiamethoxam au cours des trois années précédentes. Un avis de l’Anses est attendu afin de juger de la pertinence de ces mesures d’atténuation.

Indemnisations pour la récolte 2020

Pour répondre à l’impact économique de la crise sanitaire due à la jaunisse, le ministre de l’Agriculture a dévoilé  les modalités du dispositif d’indemnisation annoncé en août dernier. Elles prévoient le déclenchement d’une indemnisation pour des pertes supérieures à 30% du rendement historique pour les exploitations bénéficiant d’une assurance climatique et 35% pour les exploitations non assurées. « Cette indemnisation permettra de répondre pour partie aux difficultés économiques rencontrées par les betteraviers », estime la CGB.

Selon la Statistique agricole, la production de betteraves sucrières en 2020 s’est établie à 27,2 millions de tonnes, en recul de 28,2% sur un an et de 29,3% sur cinq ans, pour une surface en baisse de 6%. Le rendement moyen s’est établi à 64,9 t/ha, le plus faible depuis 2001, sous l’effet des sécheresses (printemps puis été) et de la jaunisse.