Les trois doléances des éleveurs face au loup
Alors que le nombre de loups approche le double du seuil de viabilité et que la prédation demeure forte, le Collectif Pâturage et Biodiversité réclame la révision du Plan loup, le déclassement de l’espèce et la mise en place d’une seconde brigade mobile d’intervention. Un temps d’échange entre des éleveurs et le président de la République est prévu sur l’étape du Tour le 21 juillet.
921 spécimens : telle est la population de loups dénombrés en France à la sortie de l’hiver 2021-2022, selon la dernière estimation de l’Office français de la biodiversité (OFB). Un an plus tôt, et selon cette même source, la population était estimée à 624. L’OFB et le Collectif Pâturage et Biodiversité, qui regroupe six associations d’éleveurs et de bergers à travers la France (*), ne font pas du tout la même interprétation de l’envolée de la population : +47% sur un an. L’OFB met en avant la montée en charge de la collecte d’indices, sous l’effet de la mobilisation des acteurs et de la formation d’une part et d’une prospection étendue à de nouveau secteurs d’autre part.
Réviser le Plan loup
Le Collectif d’éleveurs n’y voit que l’épilogue d’un flagrant délit de tripatouillage des chiffres à l’œuvre depuis des années, amenant l’OFB à réévaluer rétrospectivement l’effectif 2020-2021 à 783 spécimens, ménageant une hausse de 17%, susceptible de passer un peu mieux. Sauf que ça ne passe pas. « Si la population augmente autant avec un taux de prélèvement de 19%, c’est la preuve qu’il faut réguler cette espèce et arrêter de la surprotéger car elle n’est nullement menacée, ce qui n’est pas le cas de nos systèmes d’élevage de plein air », déclare Mélanie Brunet, éleveuse dans l’Aveyron et présidente du Cercle 12, l’une des six associations du Collectif.
Pour le Collectif, deux chiffres justifient à eux seuls la révision du Plan loup 2018-2023 : l’effectif qui approche le double du seuil de viabilité de l’espèce (500 spécimens) et le nombre de victimes indemnisées, s’établissant à 10.826 en 2021 contre 11.746 en 2020. Une baisse que n’a pas manqué de pointer l’OFB, pour qui les efforts doivent se poursuivre afin d’améliorer... la défense des troupeaux.
Au plan européen, le Collectif Pâturage et Biodiversité attend des autorités françaises qu’elles demandent le déclassement de l’espèce à la Convention de Berne et la Directive Habitats. « Il faut sortir de cette mascarade des tirs de défense où l’on attend que le loup vienne se faire tuer », justifie Mélanie Brunet. Pour faire face à la hausse inexorable des prélèvements, passés de 118 à 174, le Collectif demande la mise en place d’une seconde Brigade mobile d’intervention (BMI) en renfort de celle des Alpes. « Il fait se donner les moyens d’atteindre les objectifs », poursuit l'éleveuse.
Du col du Caylar à Hautacam
Pour sensibiliser les Français à sa cause, le Collectif Pâturage et Biodiversité a offert le 14 juillet dernier « un casse-croûte du terroir » aux automobilistes faisant halte sur l’aire de l’75 au Caylar (Hérault). Ce jeudi 21 juillet, ce sont leurs collègues des Hautes-Pyrénées qui auront l’opportunité de faire connaitre leurs doléances au président de la République, à l’occasion de la présence de ce dernier sur le Tour de France cycliste, plus précisément sur la station du Hautacam, où le loup a sévi à plusieurs reprises ces derniers mois. Rien de tel qu’un petit coup de bélier contre un petit coup de pompe.
(*) Aebv, Le Cercle 12, Association Préservons nos troupeaux des loups en Limousin, Os Mouton Charollais, Aseb 71, Collectif L113