Loup : le Collectif Pâturage et Biodiversité règle ses comptes à l’OFB

Preuves à l’appui, le collectif d’associations d’éleveurs accuse l’Office français de la biodiversité de mentir sur la réalité des effectifs de loups dans l’Hexagone. Il réclame une remise à plat totale du dossier.

« L’Office français de la biodiversité ment » : le Collectif Pâturage et Biodiversité, qui rassemble plusieurs associations d’éleveurs (*) n’y va pas par quatre chemins. « Affirmer que l’OFB ment ne se fait pas à la légère, et c’est en raison de preuves nombreuses que nous nous permettons de le dire haut et fort », affirme le collectif.

Selon le bilan de la dernière campagne de suivi hivernal établi le 31 mars 2021 par l’OFB, la population de loups comptait 624 spécimens (contre 577 un an plus tôt), avec un intervalle de précaution compris entre 414 et 834. « La fourchette, qui va du simple au double, confirme une fois de plus que les méthodes de comptage de l’OFB ne sont pas sérieuses », déclare Mélanie Brunet, co-présidente du Cercle 12. En dépit de l’empirisme du comptage, l’OFB juge que « le ralentissement de la progression démographique se confirme », mettant en avant un taux de 8% contre 9% l’année précédente.

Le collectif reproche notamment à l’OFB de baser en partie son relevé d’indices sur les empreintes dans la neige, alors que celle-ci est moins fréquente que par le passé, quand elle n’est tout bonnement pas absente des nouveaux territoires investis par le loup. Autre biais : les individus détectés le sont uniquement en Zones de présence permanente (ZPP), excluant ainsi tous les individus hors ZPP tels les spécimens en dispersion. Les éleveurs mettent par ailleurs en cause la probité de certains collecteurs d’indices et notamment, mais pas exclusivement, de ceux émanant de l’association Ferus, qui depuis 2013, demande à ses correspondants de ne plus transmettre, sinon de détruire, les indices de présence.

Une sous-évaluation estimée à 40%

Quel serait, selon le Collectif Pâturage et Biodiversité, l’effectif réel de loups ? « Nous n’avons évidemment pas les moyens objectifs de répondre à cette question, déclare Mélanie Brunet. Mais selon des études scientifiques, la sous-évaluation serait au minimum de 40% ». Et de citer le cas de la Drôme où la Fédération de chasse a estimé, en 2018, sur la base « de multiples observations et d’une étude approfondie » l’effectif entre 70 et 90 loups quand l’OFB en recensait 38. Ou encore la Savoie et les Alpes de Haute-Provence où le nombre de meutes est minoré par rapport à la réalité. Le collectif reproche également à l’OFB de ne pas procéder à des prélèvements salivaires sur les carcasses d’animaux prédatés, contrairement à la Belgique, au Luxembourg, à l’Allemagne et à la Suisse.

En attendant l’ordre de mettre de l’ordre

Le collectif demande une remise à plat du dispositif de collecte d’indices et de la méthode d’évaluation des populations, qui combine EMR (Effectif minimum retenu) et CMR (Capture marquage recapture), deux méthodes jugées « hasardeuses ». « A l’image d’un comptage résolument faussé, nous pouvons affirmer que toute la gestion du dossier loup est du même ordre, déclare Mélanie Brunet. Manque de transparence, vérités cachées et mensonges dans l’unique but de laisser se développer ces prédateurs au détriment de l’élevage de plein air ».

A l’occasion du congrès des maires de Haute-Savoie, le Premier ministre avait estimé nécessaire de remettre de « l’ordre parce que, au-delà des drames personnels que cela occasionne pour les agriculteurs, on aboutit à des situations de conflit qui ne sont pas saines ».  Il n’y a plus qu’à donner l'ordre.

(*) Association des Éleveurs et Bergers du Vercors Drôme Isère (AEBV), Association de la sauvegarde de l’élevage et de la biodiversité (Aseb 71), Cercle 12, Préservons nos troupeaux des loups en Limousin, OS Charollais, Collectif L113