Le Plan national d’action loup 2024-2029 sur les rails

Le gouvernement a publié les arrêtés relatifs aux tirs dérogatoires sur les loups et aux indemnisations des dommages causés par les grands prédateurs. Le Plan national d’action loup 2024-2029 est censé concilier la sécurisation de l’élevage et la préservation de l’espèce « strictement » protégée, en attendant une éventuelle révision de statut au plan européen.

La possibilité pour les éleveurs de se doter de matériel de vision nocturne lors d’un tir de défense, la fin de l’obligation d’éclairage des loups pour les louvetiers dûment formés et assermentés, la délivrance des autorisations de tirs dérogatoires dans les 48 heures suivants une attaque dès lors qu’une autorisation a déjà été délivrée (72 heures maximum à défaut), le passage d’un à deux tireurs, voire trois si le préfet le juge nécessaire, pour les tirs de défense simple,  le relèvement des indemnisations de 25% pour les ovins et de 35% pour les caprins prédatés par des loups, ours ou lynx, la prise en compte de la non protégeabilité des bovins, équins et asins ou encore la retenue d’une méthode scientifique et robuste de comptage aboutissant à un chiffre unique publié chaque année par l’OFB et déterminant le plafond de prélèvement (19%) : tels sont les éléments saillants du Plan national d’action loup 2024-2029 présenté le 23 février, veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture.

« On a rétabli la viabilité du loup », indique-t-on du côté du gouvernement, évoquant les 1104 individus comptabilisés en 2023, contre 430 en 2018 à l’amorce du précédent plan. Avec le Plan 2024-2029, le gouvernement affirme aller plus loin dans « la conciliation de la protection de l’espèce et la sécurisation des éleveurs qui contribuent à la préservation des paysages, de la biodiversité et des terroirs via le pastoralisme ». Le ministère de la Transition écologique pointe la « décorrélation » entre la croissance de l’espèce (doublement en 5 ans) et l’évolution du nombre d’animaux d’élevage prédatés, « relativement stable », passés de 11.080 ovins et caprins en 2017 à 12.500 en 2022. Le ministère y voit là les résultats des mesures de protection des troupeaux.

La reconnaissance de la non protégeabilité des troupeaux bovins

A ce propos, l’instruction technique de la Préfète de la Région Auvergne Rhône-Alpes, publiée également ce jour, permet aux préfets de reconnaitre la non protégeabilité des troupeaux bovins et asins confrontés à l’extension territoriale du loup et à la progression du front de colonisation. Concrètement, il sera possible de demander, toujours à titre dérogatoire, des tirs de défense en l’absence de mesure de protection des troupeaux. Une avance qualifiée de « majeure » par le ministère de l’Agriculture. Un budget de 2,5 millions d’euros est parallèlement alloué à la recherche de moyens de protection innovants dans un tel contexte, avec des premières pistes du côté des drones et de l’effarouchement à base de phéromones. La recherche s’intéressera également à l’effet des tirs sur l’écologie comportementale du loup, susceptible in fine d’accroître la prédation par les meutes.

L’hypothétique révision du statut du loup

Si le Plan national d’actions s’inscrit dans la durée, il pourrait être rattrapé par l’éventuelle révision du statut de l’espèce au plan européen. Le 20 décembre dernier, sur la base des informations transmises par chaque Etat membre impacté, la Commission européenne a ouvert la voie à une révision du statut du loup, qui pourrait passer de « strictement » protégé à « protégé », statut qui n’en ferait pas un animal « chassable » pour autant précise-t-on au gouvernement. La Convention de Berne exige une majorité qualifiée des deux tiers tandis que la Commission environnement de l’UE exige l’unanimité pour réviser la Directive habitat traduisant la Convention de Berne. Cette dernière se réunira « courant mars » selon le gouvernement.