Louis Retaud, un jeune pisciculteur qui perpétue une pratique familiale

Après un Bac STAV, Louis Retaud a repris la pisciculture de la Gabrière. Il nous plonge dans le monde bien particulier de la pisciculture brennouse.

Louis Retaud a repris la pisciculture de la Gabrière crée en 1983 par son père et son grand-père. Dans leur continuité, il pêche les étangs brennous d’octobre à mars. Déjà fort d’une expérience acquise auprès de son père, Louis a passé un Bac Science et Technique de l’Agronomie et du Vivant. 

A l’année, il travaille avec Thomas, un salarié. Yohan, un saisonnier, les rejoint lors des pêches. Ces dernières sont l’occasion de réunir des amis du pisciculteur ainsi que des bénévoles qui participent à la mise à sec de l’étang et à la pêche pour être invités, en échange, à chasser par les propriétaires.    

La moitié du produit de la pêche de Louis sont des carpes et l’autre des poissons destinés à la pêche de loisir. Ses carpes sont majoritairement achetées par des Allemands pour en faire des frites ou autres plats très appréciés outre-Rhin. Les gardons, perches, quelques carnassiers comme les brochets sont destinés à des sociétés de pêches qui les relâchent ensuite dans des étangs et rivières pour leurs adhérents.  

UNE ANNÉE BIEN RODÉE

Une année de travail s’articule ainsi pour Louis Retaud : de mars à octobre il s’occupe de ses quelques étangs, révise les filets, procède au vide sanitaire de ses bassins, prépare de la farine de maïs qu’il utilise lors des pêches d’été et qu’il vend aux propriétaires des étangs alentours.

 

Il passe également du temps à l’écloserie, située près du Blanc, où ses poissons se reproduisent artificiellement. Il y porte ses géniteurs en mars pour qu’ils subissent un traitement aux hormones naturelles afin d’accélérer la fécondation. Ils sont ensuite mis dans des bassins très peu profonds. Arrivées à maturité, les carpes se frottent entre elles puis frappent leurs queues à la surface de l’eau. Il n’y a plus qu’à les extraire de l’eau et appuyer sur leurs ventres : les œufs sortent tout seuls. Ceux-ci sont alors mis dans des bouteilles de Zoug où ils incubent pendant 3 à 4 jours avant d’éclore.

Une semaine après les larves sont mises dans les bassins dédiés, pour ensuite être transférées dans les étangs 4 semaines plus tard. Une carpe prête à être consommée doit faire entre 1,5 et 2,5 kg, poids qu’elle atteint à l’âge de 3 ans. Certaines, destinées à la pêche de loisir, sont élevées pendant 10 ans.  

LA PÊCHE : ENTRE TRAVAIL INTENSIF ET FESTIVITÉ

A partir d’octobre et jusqu’à mars, Louis Retaud et ses employés travaillent du lundi au samedi dans les étangs avec leurs waders. Un tri du poisson est effectué en vue de la pêche qui est un moment de convivialité important en Brenne. Tous se rassemblent que les étangs soient gelés ou pas, avant de partager le repas ensemble.

 

Posséder des étangs n’est pas chose aisée en Brenne, certaines des plus grosses fortunes françaises achètent des propriétés et étangs brennous pour la chasse et pour bénéficier d’avantages fiscaux. Thomas parle de « guerre de l’eau ». Pour pouvoir acheter le plus de poissons possibles aux propriétaires, les six piscicultures installées en Brenne se livrent une forte concurrence. Louis Retaud a ainsi plus de demandes qu’il n’a de marchandises.