Maladie hémorragique épizootique : un plan d’action et de soutien à l’élevage bovin

L’Etat annonce prendre en charge les prélèvements vétérinaires et analyses PCR et pourrait accompagner le Fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) pour indemniser le coût des soins et les mortalités. Les volets recherche et résilience sont inclus dans le Plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage. 2136 foyers sont recensés en date du 2 novembre, dans 12 départements du Sud-Ouest.

En visite le 2 novembre dans un élevage des Pyrénées-Atlantiques, département qui concentre avec les Hautes-Pyrénées plus de 80% des foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE), le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la mise en place d’un plan d’action destiné à structurer et à prolonger les efforts entrepris pour limiter au maximum l’impact de la maladie pour la filière bovine, mais également au sein de chaque exploitation. Ainsi, les analyses PCR et les frais vétérinaires pour la réalisation du prélèvement en cas de suspicion clinique seront intégralement pris en charge par l’Etat.

Documenter les pertes directes et indirectes

Le ministère de l’Agriculture annonce par ailleurs « préparer les conditions d’un accompagnement conjoint, par l’Etat et par le Fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental de l’impact économique mesurable à court terme de la MHE sur les exploitations ». Il s’agit en l’occurrence du coût des soins aux animaux malades, des pertes d’animaux et des frais indirects liés notamment au retard de croissance des animaux contaminés. « Il faut que l’on documente les pertes », a déclaré Marc Fesneau, qui s’est refusé à évoquer des chiffres en matière d’indemnisation, « face à une maladie que l’on connaît mal et dont on connaît mal les effets dans la durée ».

Délimitation la zone réglementée au titre de la MHE en date du 2 novembre (Source : ministère de l’Agriculture)
Délimitation la zone réglementée au titre de la MHE en date du 2 novembre (Source : ministère de l’Agriculture)

Détectée en France pour la première fois le 18 septembre dernier, vraisemblablement en provenance d’Espagne, pays touché en 2022 comme l’Italie, la MHE est une maladie virale transmise par des moucherons piqueurs, affectant les bovins et les cervidés, et dont l’émergence est favorisée par le changement climatique, selon l’Anses. L’hiver qui s’annonce pourrait atténuer son expression et son extension, mais ressurgir au printemps, une hypothèse énoncée avec beaucoup de prudence par le ministère, en référence à l'Influenza aviaire, qui tend à déjouer la saisonnalité. Le ministère est en tout cas résolu à investir dans la connaissance et la recherche, notamment via le Plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage. Annoncé le 6 octobre dernier, le plan réserve 20 millions d’euros à la lutte contre les maladies animales présentes et émergeantes

"La MHE pose la question d’un modèle qui soit un peu plus résilient, qui permette de faire de l’engraissement sur place"

La MHE met en exergue la dépendance de la filière bovine nationale aux exportations de jeunes bovins et de broutards vers l’Italie et l’Espagne, deux marchés clés qui ont été brièvement fermés entre fin septembre et début octobre, avant leur réouverture sous l’effet des garanties fournies par les autorités sanitaires françaises. « Le fait d’avoir rouvert les frontières a évité que les prix s’effondrent, a déclaré Marc Fesneau. La MHE pose la question d’un modèle qui soit un peu plus résilient, qui permette de faire de l’engraissement sur place, de faire de la valeur ajoutée sur place, qui évite que, dès que l’on a une maladie, on se retrouve à se dire : qu’est-ce qu’on va faire des animaux » ?

La MHE est une maladie réglementée au niveau européen et à déclaration obligatoire. Les pays impactés ont l’obligation d’instaurer des mesures de surveillance afin de suivre l’évolution de la maladie dans l’espace et dans le temps. La réglementation interdit l’envoi, vers d’autres Etats membres de l’UE à des fins d’élevage, de tout ruminant provenant des exploitations situées dans le rayon de 150 kilomètres autour de chaque foyer, correspondant à la zone réglementée.

Depuis le 1er octobre, outre une désinsectisation, un test de dépistage s’impose à tout animal (bovin, ovin, caprin ou cervidé d’élevage) quittant la zone réglementée établie autour des élevages infectés par le virus.