Le gouvernement lance « un plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage »

Davantage d’éleveurs, mieux rémunérés et mieux protégés, produisant une viande toujours plus durable, preuves à l’appui : tel est en substance, le « plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage » annoncé par le gouvernement en clôture du 32ème Sommet de l’élevage à Cournon (Puy-de-Dôme).

Au « plan de souveraineté pour un élevage et une viande bovine durables » réclamé par la FNB, la FNSEA et la FNPL à la veille du Sommet de l’élevage, le gouvernement a répondu par « un plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage » annoncé en clôture du « mondial de l’élevage durable ». Pris en étau entre les exigences de décarbonation et de souveraineté alimentaire, l’élevage français est assurément sur le chemin de la décroissance, comme en témoignent les derniers chiffres de FranceAgriMer et de la statistique agricole : en 2022, les importations françaises de viande ont progressé de 11,7% par rapport à 2021 et représentent désormais 33% de la consommation nationale, un taux qui pointe à 54% pour la viande ovine et à 50,6% pour le poulet.

Rémunération et compétitivité

Sur le volet rémunération, le gouvernement a lâché du lest au niveau fiscal en accordant une provision de 150 € par vache allaitante ou laitière, plafonnée à 15.000 € par exploitation. Il s’est par ailleurs engagé à contrôler le respect des loi Egalim, et notamment « la bonne application des obligations contractuelles au regard des prix de contractualisation ». Une autre déclinaison d’Egalim, à savoir l’obligation, pour la restauration collective publique et privée de s’approvisionner à 60% (100% pour les cantines de l’Etat) en de viande issue d’élevages durables ou sous signe officiel de qualité et d’origine (bio, indication géographique, labels rouges), à compter du 1er janvier 2024, devrait avoir pour effet de stimuler la demande de viandes françaises.

L’obligation d’afficher l’origine des viandes dans la restauration hors domicile est aussi dans le viseur du gouvernement, qui fait aussi un geste envers les abattoirs, avec la mise en place d’une garantie publique sur 50 millions d'euros d’encours de prêts, « pour accompagner les établissements présentant un intérêt stratégique pour une filière et/ou un bassin de production ».

Le PLOA au secours de l’attractivité du métier

Pour ce qui est du volet attractivité, le gouvernement s’en remet au Pacte et à la loi d’orientation agricole (PLOA), qui sera présentée au Parlement en décembre. L’Etat promet de déployer des offres de prêts pour financer des projets d’installation ou des investissements innovants, à hauteur de 400 millions d'euros de prêts garantis pour le seul secteur de l’élevage.

L’accès aux services de remplacement sera amélioré via une refonte du crédit d’impôt. Figure aussi au programme du PLOA « une simplification et une accélération des procédures administratives d’autorisation, dans une logique de sécurisation des porteurs de projet, notamment au regard des risques de contentieux ».

Améliorer la durabilité... et le faire savoir

Le « plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage » met aussi l’accent la durabilité et alloue deux enveloppes de 30 et 20 millions d'euros, respectivement à la réduction de l’empreinte carbone et à la résilience des filières face aux risques sanitaires, le tout s’ajoutant au relèvement du plafond des fonds du Casdar à hauteur de 15 millions d'euros.

Afin de « valoriser les apports de l’élevage qui sont nombreux, en particulier en matière de transition écologique et de services écosystémiques », le plan gouvernemental alloue 3 millions d'euros à « l’objectivation de l’apport de nos éleveurs et de l’élevage à nos territoires, notre économie et la transition écologique au travers de campagnes de communication ».  Une plateforme comparant la réglementation française avec la réglementation des pays tiers pour chaque filière d'élevage sera créée, et permettant ainsi de valoriser les progrès, apports des éleveurs français par rapport aux autres systèmes de production. Les Chambres d’agriculture seront chargées d’organiser de débats citoyens dans les territoires pour mettre en avant les apports de l’élevage en matière de transition écologique et de services écosystémiques.