Malaise agricole : deux morts sur un barrage dans l’Ariège, la mobilisation s’intensifie

Une voiture a percuté trois personnes causant la mort d’une éleveuse et de sa fille. Malgré la réception des syndicats par le Premier ministre, la mobilisation s’intensifie et gagne tout le territoire. Selon la Coordination rurale, les annonces de Gabriel Attal sont attendues pour vendredi, à l’occasion d’un déplacement.

Une éleveuse de 35 ans, et sa fille de 12 ans, originaires de Saint-Félix-de-Tournegat (Ariège) sont décédées des suites d’un accident survenu le 23 janvier à l'aube sur la RN20 où des agriculteurs avaient érigé un mur de paille, derrière lequel ils se tenaient. Le mari et père de la jeune fille est grièvement blessé. Si le véhicule n’aurait pas dû se trouver sur cette voie de circulation, en raison d’un barrage instauré par les autorités en amont, les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel, selon le procureur de la République du Tribunal de Foix (Ariège).

Le drame a déclenché une vague d’émotion dans tout le pays, relayée par le président de la République, évoquant un drame « qui nous bouleverse tous ». « Aujourd’hui, tous nos agriculteurs sont en deuil. Notre Nation est bouleversée et solidaire » a écrit pour sa part le Premier ministre Gabriel Attal quand le ministre de l’Agriculture évoquait « un drame pour nous tous ».

Un drame qui s’ajoute au drame

Du côté des agriculteurs, c’est la sidération. Les membres des réseaux FNSEA et JA, dont l’éleveuse était adhérente, ont fait part de leur « infinie tristesse », rendant hommage à « l’engagement syndical de cette famille et leur attachement à la défense du collectif ». « Ce drame nous a très profondément heurté » a déclaré le président de la FNSEA sur France info. « Notre engagement, c’est de faire en sorte qu’on trouve des solutions, c’est ce qu’elle était venue demander (...) La détermination est totale. Tous les départements vont rentrer en action, avec des actions plus ou moins longues en fonction des territoires ».

« L’objectif c’est pas d’emmerder les Français » », a encore dit Arnaud Rousseau « mais d’obtenir des résultats rapides parce que ce métier, ça fait 20 ans qu’on lui en met sur le dos et les agriculteurs n’en peuvent plus, les cumuls administratifs, les contrôles, le normatif, tout ça n’est plus tenable ».

Le président de la FNSEA a aussi évoqué les ratés de la Pac, avec « 6 ou 7% des agriculteurs qui qui ne sont pas payés de leurs compensations de le Pac et qui auraient dues être versées au 15 octobre »

Les syndicats reçus par le Premier ministre

Gabriel Atal a reçu successivement les principaux syndicats agricoles ces derniers jours, le Modef fermant la boucle ce 24 janvier. Mais aucune annonce concrète n’a encore été faite. Selon la Coordination rurale, le Premier ministre devrait dévoiler un train de mesures vendredi, à l’occasion d’un déplacement. Les revendications portent sur la rémunération, mise à mal par les violations de la loi Egalim, la refiscalisation du GNR ou encore les distorsions de concurrence intra et extra-européenne, l’empilement de normes environnementales et d’injonctions contradictoires, la suradministration, le « flicage » des contrôles, l’atteinte à la dignité, le sentiment de déclassement et le défaut de reconnaissance du métier.

"Un agriculteur ne se dit pas tous les matins : je vais me lever pour massacrer l’endroit où je vis depuis que je suis né"

En ce qui concerne les transitions climatique et environnementale, Arnaud Rousseau a battu en brèche le procès en immobilisme, voire en négationnisme, faits ici ou là à la profession, rappelant que « la pause environnementale a été portée par le président de la République lui-même il y a plusieurs mois (...) Un agriculteur ne se dit pas tous les matins : je vais me lever pour massacrer l’endroit où je vis depuis que je suis né. Il se dit : je veux bien continuer les transitons, regarder le sujet de la décarbonation mais encore faut-il que j’ai les moyens de vivre. Opposer agriculture et environnement,  c’est stérile ».