Météo : le manque d’eau persiste en ce début d’année

Dans la continuité de l’année 2022, qui fut la plus chaude jamais enregistrée, le mois de janvier 2023 a été encore une fois plus chaud et plus sec que la normale. La situation hydrologique en profondeur reste assez préoccupante, alors qu’un temps sec est prévu pour la première quinzaine de février. Le point avec Nicolas Le Friant, météorologue.

Comment se situe le mois de janvier 2023 en termes de températures ?

A l’image de l’année 2022, le premier jour de l’année 2023 fut exceptionnellement doux avec une moyenne nationale de 13,3°C, soit un peu en-dessous du 31 décembre 2022. Les records mensuels ont été très nombreux car il a fait jusqu’à 15,9°C à La Rochelle (précédent record de 15,5°C, en janvier 2017), 16,8°C à Dijon (16,5°C, en janvier 1945), 18,6°C à Châteauroux (18,5°C, en janvier 1999) ou encore 23°C à Biscarosse (21,3°C en janvier 2022) et même 24°C à Dax (22,8°C en janvier 1993).

Cette grande douceur s’est prolongée jusqu’au 17 janvier et s’en est suivi une période nettement plus froide jusqu’au 31 janvier mais avec des déficits nettement moindres que les excédents. C’est pour cette raison que ce mois de janvier 2023 se termine par un excédent moyen de 0,8°C. C’est le 12ème mois consécutif plus chaud que la normale.

Peut-on y voir des signes du réchauffement climatique ?

Bien que tout cela soit complexe à analyser, il convient de répondre à cette question par l’affirmative. Cela signifie tout simplement que les périodes de douceur sont toujours plus douces alors que les séquences plus froides deviennent moins froides. Ces dernières ont été longues du 1er au 17 décembre ainsi que du 18 au 31 janvier mais elles n’ont pas été en mesure de faire baisser l’indicateur thermique national dans le négatif. Du 18 décembre au 17 janvier, de très nombreux records de douceur ont été battus alors qu’aucun record de froid ne l’a été début décembre et fin janvier.

Enfin, il est à noter que la période allant du 18 décembre 2022 au 17 janvier 2023 est la plus douce jamais enregistrée en France avec un excédent de 5°C par rapport aux nouvelles normales climatiques calculées entre 1991 et 2020 !

Qu’en est-il de la pluviométrie ?

Comme décembre 2022, ce mois de janvier fut contrasté avec une première quinzaine pluvieuse, sous un flux de sud-ouest océanique dynamique, alors que la seconde fut nettement plus sèche en liaison avec le rétablissement de conditions métrologiques très anticycloniques. La quasi-totalité des précipitations observées l’ont été au cours de la première et la seconde décade avec parfois des intensités soutenues notamment en Aquitaine. Prenons par exemple la ville de Bordeaux, où il a plu tous les jours entre le samedi 7 et le jeudi 19 janvier. Résultat, avec plus de 126 mm, l’excédent pluviométrique est de l’ordre de 45%. Ce dernier est encore plus important à Biarritz avec 88% avec un total de 242 mm de précipitations. A contrario, les régions méditerranéennes ont reçu peu de précipitations comme à Marseille avec un déficit de près de 97%, de 74% à Montpellier et de 56% à Nice. Partout ailleurs, nous avons relevé des valeurs plutôt normales pour un mois de janvier, comme à Paris, Strasbourg, Tours, Nantes ou encore Toulouse.

A première analyse, nous pourrions dire que c’est une bonne nouvelle mais nous relevons tout de même un déficit national de 8% qui s’inscrit sur un 4ème mois consécutif de déficit (35% en octobre, 3,5% en novembre et 12% en décembre).

Les précipitations automnales et hivernales ont quelque peu enrayé la sécheresse de surface de l’année 2022 et, à la date du 31 janvier 2023, seuls 4 départements ont encore activé des arrêtés sur les restrictions d’eau.

Néanmoins, la situation hydrologique en profondeur reste assez préoccupante. Résultat, au 1er janvier, les niveaux des nappes sont peu satisfaisants. En effet, malgré ces pluies automnales, les déficits accumulés au cours de l’année 2022 restent importants et près des trois-quarts des nappes restent sous les normales. Pour mémoire, l’année 2022 a été marquée par une sécheresse historique où plus de 80% du territoire a connu une sécheresse extrême.

Quelles sont les prévisions pour cette première quinzaine du mois de février 2023 ?

Les tendances météorologiques ne sont pas du tout optimistes pour la mise en place d’un flux d’ouest océanique dynamique pouvant apporter des précipitations bienfaitrices pour enrayer l’état de sécheresse, qui certes s’est un peu estompé depuis novembre, mais qui ne suffira pas à remplir, de façon bénéfique, l’ensemble des nappes phréatiques de France. En effet, les modèles météorologiques envisagent une très importante récurrence de conditions anticycloniques au cours des 15 premiers jours de ce mois de février 2023.

Pour cette fin de semaine, quelques précipitations transiteront encore sur le nord et l’est du pays, puis, à partir du week-end des 4 et 5 février 2023, les hautes pressions viendront se positionner au-dessus de l’Europe de l’Ouest, et donc sur la France. En conséquence, les perturbations océaniques seront rejetées vers la Scandinavie et l’Europe de l’Est. Ce sera donc la mise en place d’un temps durablement sec (cf. ci-dessous les cartes de prévisions du modèle européen : ECMWF avec de fortes anomalies sèches). Enfin, il sera également possible de constater un net refroidissement de la masse d’air à partir du lundi 6 février.

Cartes de prévisions du modèle européen ECMWF avec de fortes anomalies sèches

Si nous n’observons pas de précipitations modérées et durables au cours des deux prochains mois, le contexte de sécheresse pourrait être encore plus critique que l’année dernière, surtout si le printemps et l’été 2023 sont aussi secs et chauds qu’en 2022.