National salers : carton plein pour le Gaec Malacan

L’événement était attendu et il a tenu toutes ses promesses durant trois jours au cœur de Saint-Four. Il faut remonter à 2007 pour avoir le souvenir d’une pareille fête pour la vache rouge.

Depuis jeudi et durant trois jours, la ville de Saint-Flour renouait avec sa tradition d’accueil des événements agricoles. Elle recevait pour la seconde fois en sept ans le National salers. Le concours 2023, le 147e du nom, était annoncé comme exceptionnel. Ce fut le cas par le nombre d’animaux présentés, 530, celui des éleveurs en lice, 95, venus de douze départements, soit un département de plus que le précédent record. Il faut remonter à l’édition de 2007 pour retrouver de tels chiffres. “Nous avons un très beau concours marqué par la présence de 16 nouveaux participants venus de loin, des jeunes nouvellement installés et aussi des anciens qui n’avaient jamais franchi le pas de la compétition, se félicitait Frédéric Canal, président du Herd-book salers. C’est un très bon millésime par le nombre, la diversité et la qualité que nous devons à une belle année avec beaucoup d’herbe pour préparer les animaux et cela se voit. Nous profitons aussi des effets très positifs de la mise en avant de la race lors du salon à Paris et de l’engouement autour de la salers. Aussi, nous avons des partenaires qui nous suivent, une belle collaboration de la Ville de Saint-Flour avec un site remarquable, le fait de nous retrouver dans le berceau de race et de profiter stratégiquement de l’autoroute A 75.”  
La Ville et le comité des Foires et marchés avaient en effet préparé le site pour offrir les meilleures conditions d’organisation. “Nous avons une manifestation pour laquelle la mobilisation des éleveurs est importante et qui contribue à l’image de la ville et à renforcer son lien avec le monde agricole”, partageaient Philippe Delort et Frédéric Delcros, respectivement maire et adjoint au maire de Saint-Flour.
L’engouement de Paris
Jeudi, après l’installation, le concours débutait par la sélection des animaux pour le prochain Sommet de l’élevage. Cent vingt mâles et femelles étaient jugés pour 61 places. La liste définitive est restée secrète.
Vendredi était consacré aux prix de sections avant de se terminer par le prix d’honneur. “Il y a une super qualité avec le respect des critères de la race et cela se joue sur quelques détails, expliquait sur le ring Denis Missiel, un des juges à officier durant les trois jours. C’est serré mais c’est très intéressant.”
Dans les travées, les commentaires étaient unanimes sur la qualité des animaux. Pour cet éleveur de la Planèze, la salers est “la vache d’avenir car elle reste rustique, ce qui est un plus sur le plan de son alimentation et on s’y retrouve sur les frais vétérinaires”. Les journées étaient également ponctuées de différentes présentations d’UALC, Tradition Salers, de la station d’évaluation du GIE et d’une vente d’animaux Label rouge.
Présents à Brive l’an dernier, Christophe et Corentin Angot avaient fait le déplacement depuis la Normandie, de Chambois, dans l’Orne, plus exactement. Ils étaient hébergés chez la famille Missiel, de Valuéjols, amie de longue date qui leur a fait découvrir la race salers. “Nos sommes des passionnés de cette vache et nous avons un troupeau de 150 mères constitué depuis 1994, précise Corentin Angot. Elle possède de vraies facilités de vêlage et d’adaptation à notre région.” Venus présenter Odin, un taureau de 5 ans, le souhait de ces éleveurs est de venir “se confronter aux autres, dans le berceau de race, d’échanger et de découvrir”.
Une longueur d’avance
Un peu plus loin sous les structures bâchées abritant les animaux, Gaëtan Férérol termine de préparer son groupe de cinq génisses. Originaire de Saint-Cernin, il participe régulièrement depuis son installation il y a une quinzaine d’années. “L’année dernière, j’ai arrêté le lait de salers pour m’orienter uniquement vers l’allaitant, confie-t-il. Je recherche par le travail de sélection et de génétique ce qui me convient pour mon exploitation. Venir en concours est un plaisir et une vitrine pour nos élevages.”
Vendredi, la journée tirait à sa fin. Il y avait alors beaucoup de monde, sur le ring et autour. Difficile de quantifier le public mais, à ce moment-là, il manquait des gradins pour pouvoir admirer la présentation des groupes de bourrettes, doublonnes, vaches et le prix d’honneur.
Le prix pour le groupe de vaches revenait à Dauzet-Tiravy. Cet élevage aurillacois recevait également le cadeau de la présidence de la République. Aurélie Serrano, sous-préfète de Saint-Flour, leur remettait sur le podium un vase de Sèvres. Elle indiquait dans son propos “le savoir-faire indéniable des éleveurs dans un département du Cantal qui reste une terre de tradition d’élevage”. Et d’ajouter : “La salers est reine du développement durable ayant pour cela un temps d’avance.”
Et en parlant d’avenir, les jeunes étaient nombreux à participer. Parmi eux Pauline Duval. La jeune fille de 14 ans, collégienne à Riom-ès-Montagnes, accompagnait ses parents Sandrine et Frédéric, pour conduire et présenter le groupe de quatre génisses. Elle est une passionnée. “Nous avons des salers chez nous depuis 50 ans, explique-t-elle dans un large sourire. Pour moi, devenir agricultrice est une évidence ! J’aime être dehors, au contact des animaux.” Les parents sont fiers de ses connaissances. “Elle apprend et elle a envie de savoir”, reconnaît sa maman.
Le rêve se réalise
Vendredi soir, douze élevages participaient au prix d’honneur. Après un jugement qui a pris du temps pour départager les familles d’animaux, celui-ci revenait au Gaec Malacan, de Vèze. Patrick et Antoine, père et fils, associés depuis 2017, présentaient un taureau, une vache de sept ans, une génisse de trois ans, une doublonne et une bourette.  
Ce premier prix récompensait un élevage et un travail de sélection mené sur le Cézallier depuis 40 ans et régulièrement primé en concours depuis 1986. Il est le premier d’une belle série. Samedi matin, le Gaec Malacan remportait le championnat femelle jeune avec Sonia, deux ans et demi, classée première de section le vendredi. Il plaçait aussi Natacha sur la plus haute marche du championnat “femelles adultes”. “On en rêve et là, ça devient une réalité”, déclarait Patrick Malacan, lui qui avait conduit un seul taureau pour son premier National à Mauriac en 2007. “Je crois qu’on ne peut pas faire mieux, complétait Antoine. C’est le travail de toute une vie, le sel de l’éleveur pour conserver la passion.”