Néonicotinoïdes : le projet de loi "n'oppose pas économie et écologie"

Le projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves "ne veut pas opposer économie et écologie" mais est une question de "souveraineté", a affirmé le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, le 5 octobre devant l'Assemblée nationale.

"C'est un texte difficile, important qui ne veut pas opposer économie et écologie", a déclaré le ministre de l'Agriculture en ouvrant les débats dans l'hémicycle. "La question est celle de notre souveraineté", a-t-il ajouté. "La filière de la betterave est aujourd'hui en danger", a mis en avant M. Denormandie.

"Nous sommes tous favorables à l'arrêt des néonicotinoïdes, nous sommes tous favorables à la transition agro-écologique", a-t-il complété, "mais cela ne peut pas être au prix de tuer une filière française pour importer des sucres polonais, allemands ou belges".

La baisse des rendements induite menace la pérennité de la filière sucrière française, qui emploie 46.000 personnes, dont une bonne partie dans des usines de transformation, estime la profession. "Souhaitons nous laisser notre première place (de producteur de sucre) au niveau européen ? Pour une question de dogmatisme ?", a interrogé le rapporteur du texte (LREM), Grégory Besson-Moreau.

Le patron du groupe LFI Jean-Luc Mélenchon a ensuite défendu une motion de rejet préalable du projet de loi, jugeant qu'"une faute va se commettre". Soutenue par les groupes de gauche ainsi que Libertés et territoires, elle a été rejetée par 92 voix contre 34, dont deux députés LREM.

"Nous allons décider quelque chose de dangereux pour nos semblables, pour nos enfants, nos petits-enfants" et demain d'autres dérogations seront demandées, a-t-il affirmé, en estimant en outre que "la betterave française est malade du libre-échange" davantage que des pucerons. "Vos propos d'estrade ne feront jamais pousser une betterave dans notre pays", lui a rétorqué M. Denormandie.

Happenings près du Palais Bourbon, tribunes, les pro-environnement et la gauche estiment que le projet de loi, conçu selon eux "sous la pression des lobbys de l'agriculture", est un "recul démocratique majeur" et un "contresens historique". Dimanche, c'est l'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot qui était monté au créneau en appelant "les députés à ne pas voter" le projet de loi.

"C'est le dernier grand vote sur la biodiversité du quinquennat", a rappelé Matthieu Orphelin (EDS). Ce proche de Nicolas Hulot a obtenu un vote solennel sur l'ensemble du projet de loi, qui aura lieu mardi 6 octobre et lors duquel tous les députés "pourront se positionner sur ce sujet important".