Nicolas Bonnefous, membre du Comité de bassin, vice-président de la commission territoriale Allier-Loire amont, élu à la Chambre d’agriculture de l’Allier et membre de la FRSEA : « Il ne faut rien lâcher et nous défendre, céréaliers comme éleveurs »

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le Sdage ?

Nicolas Bonnefous : Le Sdage, Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des eaux doit traduire la directive cadre européenne sur le bassin hydrographique. L’élaboration du Sdage est préparée par le secrétariat technique de Bassin composé de la Dreal Centre, l’OFB et l’Agence de l’eau. Il est ensuite voté par le comité de bassin composé d’élus, d’usagers économiques et non économiques et de représentants de l’État.

Comment se sont déroulés les échanges ces dix-huit derniers mois ?

N.B : Clairement, dans un état d’esprit délétère où ceux qui souhaitaient signaler des incohérences dans le texte proposé ont été contrés ! Ce texte, il nous a été « vendu » comme ne comportant que de simples modifications à la marge. Il s’avère qu’il comprend des modifications très importantes avec de nombreuses erreurs techniques de la part de l’administration. Une première version du texte avait été, dans un premier temps, proposée à la consultation publique, lors de laquelle, les assemblées et les Chambres consulaires avaient fait un certain nombre de remarques qui n’ont jamais été prises en compte. Seules les remarques allant dans le sens du durcissement réglementaire du texte l’ont été ! Le jour du vote, nous avons été mis devant le fait accompli. Si nous prenons en compte les votes défavorables et les abstentions, ce Sdage a été, pour nous, très mal voté.

Quelles seraient les conséquences pour l’agriculture si le Sdage restait en l’état ?

N.B : Concernant l’irrigation, nous voici face à un durcissement de la gestion à l’étiage et du remplissage des réserves hivernales. Quant aux zones humides, on nous parle désormais de leurs zones périphériques, ce qui provoque un sentiment d’interrogations concernant les différences entre celles-ci. Nous pouvons donc tout imaginer et, à terme, peut-être, une mise sous cloche. L’aménagement des cours d’eau dans le bassin versant comprend désormais l’introduction des éléments paysagers comme les talus et les haies par exemple. Nous avons donc une inflation de mesures. L’élevage est également attaqué par le biais de l’abreuvement.

Quel est l’objectif du recours ?

N.B : Suite au recours gracieux, la Préfète de Bassin a choisi de ne pas nous répondre. Nous avons donc fait le choix de partir au contentieux devant le tribunal administratif au titre des FRSEA, FDSEA et de la Coopération agricole. Nous espérons que notre position sera reconnue et que ce texte sera corrigé. Une procédure longue, sans doute de plusieurs années et, il faut savoir que ce recours n’est pas suspensif. Le Sdage s’applique donc désormais à partir de sa signature, c’est-à-dire depuis le 4 avril 2022.