Non au pastoral isthme

[Edito] Les menaces planent sur le pastoralisme, un système agricole parmi les plus vertueux. Mais il bouge encore et avec lui 40.000 éleveurs. Il faut dire que le pastoralisme a un peu plus à vendre que du fromage et de la viande.

Je suis peu productif mais je produis quand même bon an mal an l’équivalent de 8 milliards d’euros de denrées alimentaires, auxquels s’ajoutent 10 milliards d’euros de services non marchands. Je suis très handicapé mais je suis néanmoins présent et sans exception dans tous les territoires, avec une très forte prédilection pour les plus reculés, les plus escarpés, les plus inaccessibles. L’adversité, j’adore ça (les prédateurs me le rendent bien). Je ne parle pas forcément anglais mais on m’a rapporté que j’étais totalement en phase avec le « Green deal » et le « Farm to fork ».

Je concède un défaut : je ne me prête pas au télétravail. En revanche, je peux servir de cadre de travail à tous les télétravailleurs de France et de Navarre, sous réserve d’un accès aux réseaux internet et 3G (je n’en demande pas plus). Je n’épilogue pas sur le sujet car j’ai moi-même des problèmes avec mes propres réseaux, à savoir les chemins, les sentiers et les pistes qui frisent la saturation en été (surtout cette année). Qui suis-je ? Le pastoralisme.

« Une réunion d’écologistes »

Début octobre, à Ax-les-Thermes, en Ariège, le pastoralisme s’est rappelé au bon souvenir de nos décideurs à l’occasion d’un séminaire chapeauté par les Chambres d’agriculture. Les représentants de tous les territoires concernés ont exposé, cinq heures durant, devant un parterre d’élus locaux, de députés et d’eurodéputés, les enjeux économiques, environnementaux et sociétaux attachés au pastoralisme. « J’ai cru assister à une réunion d’écologistes », s’est exclamé à l’issue des débats le représentant du ministre de l’Agriculture, à savoir Florent Guhl, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) de la région Occitanie.

On ne pouvait pas faire de plus beau compliment aux éleveuses et aux éleveurs de ces territoires. Reste à nos gouvernants et à nos élus à porter le fer à Bruxelles pour que le pastoralisme ne soit pas confiné à quelques isthmes perdus dans les massifs et sur le pourtour méditerranéen.