Nouvelles taxes américaines : colère et consternation des exportateurs français de vins et spiritueux

La filière française des vins et spiritueux est "sacrifiée pour un différend sur l'aéronautique", dénonce sa Fédération d'exportateurs FEVS, après l'annonce de droits de douane supplémentaires par Washington dans le cadre d'un vieux litige entre Boeing et Airbus.

"On redoutait l'escalade du conflit, on y est, et ça va durer", a déploré auprès de l'AFP le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français, César Giron, estimant que le manque à gagner pourrait dépasser le milliard d'euros pour la filière viticole. A trois semaines de la fin de son mandat, l'administration Trump a annoncé dans la nuit de mercredi 30 à jeudi 31 décembre qu'elle s'apprêtait à imposer des droits de douane supplémentaires sur des produits européens, notamment les vins (hors vins effervescents comme le champagne) et cognacs.

Washington y est autorisé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre de son interminable différend avec l'UE sur les aides aux géants de l'aéronautique. Depuis octobre 2019, les Etats-Unis imposent un droit de douane de 25% sur les vins tranquilles de moins de 14 degrés, vendus en contenants de moins de deux litres.

Selon les informations de la FEVS, cette taxe de 25% va désormais s'étendre à l'ensemble des vins tranquilles, y compris en vrac, ainsi qu'aux spiritueux à base de vin, comme le cognac. "De nouvelles catégories (de produits) sont inclues, il n'y a plus d'échappatoire, c'est toute la filière issue des vignobles qui est impactée", a regretté César Giron, exprimant sa "colère" et sa "consternation".

Le manque à gagner de la filière française était jusque-là estimé à 600 millions d'euros. "La 2e vague (de taxes) est encore plus puissante que la première", a relevé le président de la Fédération, rappelant que les Etats-Unis était "le marché le plus important au monde pour les vins et spiritueux". La FEVS appelle l'UE à "mettre un coup de collier pour résoudre enfin ce conflit entre Airbus et Boeing" et à "compenser les entreprises françaises et européennes qui sont les dommages collatéraux de ce conflit interminable". La Fédération demande aussi au gouvernement français de soutenir la filière. "Il fait la sourde oreille", a reproché M. Giron.