Pac : broutage et grignotage sont...

[Edito] ... les deux mamelles du Plan stratégique national. Le ministère de l’Agriculture est sorti de la stabulation avec un document se résumant pour l’heure à un broutage des aides couplées animales au bénéfice d’un grignotage de protéines végétales. Le régime est jugé indigeste par les éleveurs comme par les céréaliers. Gare : le statu quo ne figure pas au menu de la Commission européenne.

Rien sur le second pilier, qui représente grosso modo 25% du budget de la Pac. Rien sur les éco-régimes qui pourraient, selon l’issue des négociations en cours à Bruxelles, concentrer entre 20% et 40% des aides du premier pilier. Rien de formel sur le plafonnement, le paiement redistributif et ou encore la convergence, trois instruments susceptibles de modifier à la marge le montant des paiements de base. Juste une petite annonce sur les aides couplées, avec le projet de redistribuer une partie des primes animales vers la production de protéines végétales.

Le ministère aurait bien aimé ne pas fâcher les éleveurs, déjà pas mal affamés, mais le règlement européen plafonne à 15% la part du budget du 1er pilier allouée aux aides couplées. Ce levier est déjà activé à son maximum par la France et on manque de protéines végétales, y compris pour nourrir les troupeaux.

Un PSN au risque du statu quo ?

Sans rêver à une ola, le ministère aurait pu espérer des petits germes de gratitude de la part des producteurs de grains, qui émargent actuellement à seulement 15% des aides couplées, l’élevage s’octroyant la plus grande part du silo. Las. Les céréaliers ont agité le chiffon rouge (dans le respect des gestes barrières) et ont renvoyé au ministre leur statut de sous-smicards auxquels ils sont confinés depuis bientôt dix ans.

Résumons : sur ce qui concerne 15% de 75% du budget de la Pac, ce qui fait quand même des sous, la toute première ébauche d’une première version très partielle du Programme stratégique national électrise les campagnes, les crémeries et les sous-crémeries.

Si l’on met de côté le volet OCM, il reste encore plus de 80% du budget de la Pac à dispatcher, avec des morceaux de choix autrement plus clivants que les aides couplées, si l’on songe aux éco-régimes.

Au vu des crispations, la tentation du statu quo pourrait être forte. Sauf que la Commission européenne veille au grain. Elle a réitéré cette semaine son objectif de voir 25% de la SAU de l’Union convertie l’Agriculture biologique à l’horizon 2030. Délivrera-t-elle la mention AB (Assez bien) au PSN français ?