Peut-on combler notre déficit en protéines végétales ?

La flambée du prix des intrants à laquelle on assiste depuis plus d’un an maintenant, et qui est amplifiée par la guerre en Ukraine, sera-t-elle plus efficace que tous les plans protéines réunis pour booster la production de protéines en France ?

[Edito] Sur un an, entre janvier 2021 et janvier 2022, le prix de tous les intrants confondus a grimpé de 21%. Il est tiré par la hausse du prix des engrais (+88%), par celui de l’énergie et des lubrifiants (+34%) et par celui de l’alimentation animale (+15%).

Une telle flambée des charges incite les agriculteurs à modifier leurs stratégies de production pour les campagnes à venir : réduire l’utilisation d’engrais, implanter des espèces moins gourmandes en azote (tournesol, légumineuses…), substituer le soja importé par des tourteaux de colza ou de tournesol produits localement, produire davantage de fourrages riches en protéines dans les élevages… en bref regagner la « souveraineté protéinique » que tant de plans gouvernementaux successifs ont échoué à faire.

La France importe chaque année quelques 3,5 millions de tonnes de tourteaux de soja, en provenance du Brésil majoritairement, qui sont consommés à 44% par les bovins. Une dépendance qui pèse tant sur les charges des exploitations que sur le bilan carbone de l’agriculture.

Pour accroitre la production de protéines végétales en France, le programme « Cap protéines », piloté par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage, organise cette année le « Printemps de l’autonomie protéique ». Au programme : des journées portes-ouvertes dans des fermes pilotes et de nombreux rendez-vous autour de la production de protéines fourragères et de cultures oléoprotéagineuses.

Les niveaux de prix actuels pour le colza, le tournesol ou le soja sont de nature inciter à la production, malgré les niveaux de charges élevés. Reste la problématique des difficultés techniques et des aléas climatiques, qui rendent certaines productions aléatoires.

Ainsi, la hausse des intrants n’a par exemple pas eu d’effet « booster » sur les surfaces de protéagineux et notamment de pois, qui sont pour cette année en recul de 23 000 hectares (-9%) par rapport à l’an dernier. Mais la perspective de prix élevés pour la prochaine campagne pourrait changer la donne.