Prix et transparence, la double urgence des apiculteurs

Les apiculteurs dénoncent l’alignement des conditionneurs sur les prix au rabais des miels d’import, dont une récente étude a montré, à l’échelle de l’UE, que 46% des lots étaient frauduleux. En attendant la réforme de l’étiquetage au plan européen, les producteurs réclament une aide d’urgence.

Comment peut-on dépendre à plus de 50% des importations et voir s’accumuler les stocks chez les apiculteurs ? « Avec des prix d’achats défiant toute concurrence », répond la Confédération paysanne qui, le 30 novembre dernier, organisait à Paris une manifestation et une vente de miel solidaire, avec le soutien du Syndicat national d'apiculture (SNA) et de l'Union nationale de l’apiculture française. Selon l’UNAF, la concurrence déloyale de « pseudo-miels », importés à très bas coût, soit 1,80 €/kg pour les miels polyfloraux et moins de 4,00 €/kg pour les miels de cru, « déstabilise totalement le marché́ intérieur du miel français vendu en vrac ».

46% des miels importés des pays tiers frelatés

En 2017, une étude réalisée par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) révélait que 17% des miels importés de pays tiers et mis sur le marché de l'Union Européenne était suspecté d’être frelatés, coupés avec des sirops de sucre à base de riz, de blé ou de betterave sucrière afin d'en augmenter le volume, pratique interdite par la réglementation européenne. En 2022, le taux de fraude bondissait à 46%. Or 40% du miel consommé dans l’UE est importé, en provenance de Chine, de Turquie, d’Ukraine ou encore d’Argentine. En France, le déficit est encore plus important. En 2021, selon FranceAgriMer, la France a produit 19.000 tonnes, de miel, consommé 45.000 tonnes, exporté 4800 tonnes et importé 29.300 tonnes, principalement en provenance d’Ukraine (22%), d’Espagne (19%), d’Allemagne (11%) et de Chine (8%).

En attendant la Directive Miel

La France est plutôt en avance en matière d’information des consommateurs. Paru en avril 2022, un décret rend obligatoire l'indication du nom des pays d'origine sur les miels en mélange conditionnés sur le territoire national. La liste des pays d’origine des miels doit être indiquée dans l’ordre d’importance pondérale décroissante. Mais cette réglementation ne concerne pas les mélanges de miel vendus en France après conditionnement dans les autres pays européens. Le 16 novembre dernier, dans le cadre de la procédure de révision de la Directive Miel, la Commission de l’agriculture et du développement rural au Parlement européen a voté pour l’obligation d’un étiquetage exhaustif de l’origine du miel, ouvrant la voie à l’harmonisation des pratiques. En attendant la conclusion du processus législatif, les apiculteurs français réclament une aide d’urgence.