Sainte-Soline : « Pauvre démocratie, priez pour elle ! »

Stéphane Joandel, éleveur dans la Loire et président de la commission environnement de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.

S’il fallait une nouvelle preuve que notre pays a perdu le nord, avec des « pro » et des « anti » creusant des fossés béants alors qu’il s’agirait plutôt de s’unir pour faire face aux nombreux défis devant nous, le malheureux épisode de la retenue collinaire de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, a sans contexte apporté de l’eau au moulin d’une déroute inquiétante. Car ici le problème n’est pas de savoir si ladite « bassine » est utile ou non car le législateur et l’enquête publique inhérente au projet en le validant ont conclu que oui. L’autorisation administrative n’était pas en chocolat… Et c’est bien là le problème, voté par la majorité, le projet est pourtant remis en cause par une poignée d’agitateurs dont les connaissances en hydrologie dépassent souvent péniblement le visionnage d’un ou deux épisodes de « C’est pas sorcier ». Autant dire, intéressant mais un peu limite…Il y a quelque chose de très choquant dans ces agissements. Cette forme de contestation qui fait fi des décisions démocratiques est dangereuse pour notre Nation car elle ébranle le socle fondamental du vivre ensemble. Demain, c’est la porte ouverte à n’importe quels débordements. Nous ne le redirons jamais assez mais l’agriculture est d’abord nourricière, et force est de constater que sans eau, aucune plante ne peut pousser, aucun animal ne peut survivre. L’accès à l’eau du secteur agricole est donc fondamental sous peine d’hypothéquer nos capacités de production. Il sera trop tard pour pleurer devant nos fermes familiales disparues quand notre blé, notre lait, notre viande… viendront de l’autre bout du monde gorgés d’hormones, d’antibiotiques et autres exhausteurs de goûts. De ça, les écolos, y compris ceux qui siègent sur les bancs de l’Assemblée nationale, semblent bizarrement s’en laver les mains, obnubilés par le combat d’arrière-garde « anti-bassines », pourvu qu’ils gagnent la bataille de l’opinion. Leur message simpliste balaie une réalité implacable : les retenues collinaires sont utiles et ne concurrencent pas les usages dans la mesure où l’eau est pompée dans les nappes lorsqu’elles celles-ci sont excédentaires. Une eau qui faute d’être retenue, partirait directement vers les mers et les océans. Le changement climatique est une réalité quotidienne pour les agriculteurs : face à la sécheresse, ils adaptent leurs pratiques et leurs cultures avec un panachage de solutions combinées pour mieux gérer l’eau, collectivement…. Mais ça personne ne le dit ! Il vaut mieux médiatiser le spectacle pitoyable des exaltés de l’environnement qui pourtant brassent du vent ! La France a beau aimé le débat, quand les lois sont votées, et que certains s’assoient dessus, il est grand temps de siffler la fin de la partie au risque de se heurter à la faim, la vraie...