Sécheresse : « Les agriculteurs respectent les restrictions d’irrigation »

Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique louent le civisme des agriculteurs, dont les écarts de conduites sont « marginaux ». Passée la crise, le Varenne va remonter à la surface, avec l'objectif de faire tomber les digues « dogmatiques », s'agissant notamment du stockage des eaux excédentaires.

A l’occasion d’une conférence de presse, au cours de laquelle le ministre de l’Agriculture a dévoilé les mesures de court terme destinées à contrecarrer les conséquences de la sécheresse, Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie a loué, à propose de la ressource en eau, « une utilisation extrêmement raisonnée des agriculteurs et un respect des restrictions particulièrement important ». Un satisfecit que Marc Fesneau a fait sien. « Je voudrais saluer la grande responsabilité du monde agricole qui dans cette période de rationnement, dans un dialogue qui a été fructueux je crois avec les services de l’Etat au niveau départemental, a pu ajuster le prélèvement qui était nécessaire pour le monde agricole aux nécessités et contingences générées par le sécheresse », a déclaré le ministre de l’Agriculture, jugeant « marginaux » les écarts de conduite imputables aux agriculteurs.

En date du 22 août, 93 départements ont pris des arrêtés restreignant l’usage de l’eau, dont 78 affectés par au moins un territoire au niveau « crise » (Source : ministère de la Transition écologique)
En date du 22 août, 93 départements ont pris des arrêtés restreignant l’usage de l’eau, dont 78 affectés par au moins un territoire au niveau « crise » (Source : ministère de la Transition écologique)

15% de contrôles non conformes

En date du 22 août, l’Office français de la biodiversité (OFB) avait réalisé 7500 contrôles dont 85% ont révélé un usage conforme à la règlementions en vigueur, les 15% non conformes étant principalement « le fait des consommateurs », a précisé Bérangère Couillard. Après une phase de « pédagogie et de sensibilisation, 250 contrôles ont donné lieu à des actions judiciaires, dans un souci d’équité vis-à-vis de tous ceux qui respectent la réglementation ».

En date du 22 août, 93 départements ont pris des arrêtés restreignant l’usage de l’eau, dont 78 affectés par au moins un territoire au niveau « crise », induisant des restrictions fortes notamment en matière d’irrigation.

En attendant la remontée du Varenne à la surface

Si les deux ministères sont actuellement focalisés sur la gestion de crise, la question de gestion et de l’allocation des ressources en eau ne devrait pas tarder à remonter à la surface. Sur le papier, la feuille de route est écrite dans le Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatiques conclu en février dernier, et dont les trois volets – assurance multirisque, adaptation des systèmes agricoles, gestion de la ressource – n’ont pas encore été activés. Si le premier est programmé pour le 1er janvier  sur 2023, les deux autres s’opéreront sur un pas temps beaucoup plus distendu, compte-tenu de la relative rigidité des systèmes et/ou des consciences ou de l’aridité des financements mobilisables.

"La souveraineté alimentaire, c’est un bien commun, la capacité à se nourrir, c’est un bien commun, les agriculteurs ne prennent pas l’eau pour eux"

S’agissant du stockage mais aussi de la réutilisation des eaux usées, où la France accuse un décalage par rapport à nos voisins espagnol et italien historiquement plus contraints, le ministre de l’Agriculture escompte bien faire tomber les digues jugées « dogmatiques » par la FNSEA pour mieux faire pousser des digues de retenues collinaires et de substitution. « Il faut travailler sur les réserves en eau », a martelé Marc Fesneau sur France Info le 23 août. « Il faut faire en agriculture ce que l’on conseiller à chacune d’entre nous quand on a une maison : on récupère l’eau de pluie quand il y en a trop pour pouvoir arroser son jardin, c’est exactement le même système (...). Sans eau, il n’y a pas d’agriculture, c’est un combat multimillénaire, le combat du monde agricole pour accéder à l’eau (...). La souveraineté alimentaire, c’est un bien commun, la capacité à se nourrir, c’est un bien commun, les agriculteurs ne prennent pas l’eau pour eux », a encore dit le ministre, rejetant les procès en confiscation de l’eau et refusant de « répondre au dogmatisme par le dogmatisme », en évoquant les changements de systèmes et d’assolements d’ores-et-déjà à l’œuvre.

La réutilisation des eaux usées traitées, elle aussi très en-deçà des pratiques de certains nos voisins méditerranéens, reste aussi largement à explorer. Elle figure à l’agenda du Varenne. Dans un département comme la Charente-Maritime, les volumes d’eaux usées équivalent aux volumes prélevés pour l’irrigation, selon la Chambre d’agriculture.