Un Plan élevage pour « produire ce que nous consommons »

Le gouvernement a présenté au Salon de l’agriculture une version augmentée du Plan de souveraineté de l’élevage dévoilée au dernier Sommet de l’élevage. La différence ? « L’affirmation d’une ambition assumée et crédible », que plusieurs chantiers prioritaires doivent « crédibiliser ».

Au dernier Sommet de l’élevage, le gouvernement avait lancé « un plan de reconquête et de souveraineté de l’élevage », décliné en quatre axes, à savoir : objectiver et promouvoir les apports de l’élevage, améliorer le revenu des éleveurs (y compris en renforçant la compétitivité des filières d’élevage), accroître l’attractivité du métier et replacer l’élevage au cœur de la transitons écologique. La FNB avait fait la moue, déplorant notamment l’absence d’objectifs chiffrés, concernant « le cheptel bovin et le nombre d’exploitations à l’avenir en France ».

Quatre mois et une crise agricole plus tard, au Salon de l’agriculture, le ministère de l’Agriculture remet le couvert. Le Plan s’appelle désormais le « Plan gouvernemental de reconquête de notre souveraineté sur l’élevage ». Au jeu des 7 différences, le plan 2 compte 5 axes contre 4 pour le plan 1. Et l’axe en question est passé au-dessus de la pile. Il s’intitule : « Une ambition assumée et crédible pour l’élevage » et se résume en une phrase : « nous devons produire ce que nous consommons », étant entendu qu’au-delà de la stricte fourniture de protéines, l’élevage est une composante essentielle de notre patrimoine gastronomique, de la vitalité de nos territoires, tout en étant complémentaire des filières végétales (valorisation d’herbe non consommable par l’Homme, production d’engrais organiques...), le made in France étant en prime garant de normes parmi les plus exigeantes et transparentes au monde.

Des chantiers...

L’ambition « de produire ce que nous consommons » sera assumée comme la ligne directrice des politiques publiques autour de l’élevage en France, affirme le ministère de l’Agriculture, citant la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la Stratégie nationale pour l'alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), « qui peuvent être atteintes sans réduire la taille du cheptel par rapport à 2023 », mais en agissant sur les autres leviers tels que l’alimentation animale et la conduite des troupeaux.

Le gouvernement entend coordonner les expressions de l’ensemble des ministères et opérateurs publics sous tutelle de l’État. Très concrètement, ce chantier va se matérialiser dans les prochains mois par des supports de communication destinées à expliquer à nos concitoyens l’importance de l’élevage en France, le bannissement de la viande de synthèse (si possible à l’échelle de l’UE), la traque aux raccourcis stigmatisants éventuellement contenus dans les manuels scolaires ou encore le soutien des initiatives parlementaires pro-élevage.

... des objectifs chiffrés...

Autre chantier : caractériser les externalités positive de l’élevage, à travers des débats territoriaux et citoyens, dont l’organisation sera confiée à Chambre d’agriculture France au deuxième trimestre 2024, couvrant le champ local, national et international. « Ces débats permettront d’identifier les consensus et dissensus entre les acteurs sur la place des filières d’élevage dans les territoires, les trajectoires pour conforter les externalités positives de l’élevage et limiter ses externalités négatives ainsi que les leviers mobilisables pour accompagner les filières dans ces trajectoires », décrit le ministère de l’Agriculture.

... et un plan d'action sectoriel par filière

Enfin, le ministère s’engage à publier, d’ici au mois de juin, « une retranscription des ambitions gouvernementales sur l’élevage sous forme d’objectifs chiffrés de production alignés avec l’évolution de la consommation et d’amélioration des filières en difficulté ». Ce travail débouchera sur l’élaboration d’un plan d’action sectoriel par filière, intégrant des mesures transversales, destiné à activer les leviers et à surmonter les obstacles et in fine à satisfaire les objectifs du « Plan gouvernemental de reconquête de notre souveraineté sur l’élevage ». Là encore, l’échéance est fixée au mois de juin.