Alpina Savoie, des pâtes zéro pesticide, pas même bio

Forts d’une étude de l’Institut de recherche de la Tour du Valat, Alpina Savoie et son partenaire Biosud capitalisent les bénéfices de la biodiversité pour s’affranchir de tout pesticide, y compris homologué en bio.

Produire des blés durs bio n’est pas une sinécure. La preuve ? Selon l’Agence bio, le blé dur bio représentait 0,3% des surfaces de l’espèce en 2019, à comparer aux 5,3% pour l’ensemble des céréales. Conduire du blé dur en agriculture biologique reste un vrai défi en raison de risques accrus, s’agissant des rendements et des critères de qualité. Si l’alimentation propre à l’AB ne permet pas d’obtenir les 14% de protéines exigés en conventionnel, le seuil de 12% est néanmoins requis, moyennant l’adaptation des process. Industriels. Quant au taux de mitadin, il ne peut dépasser le seuil de 40%. Résultat : le blé dur bio peine à rivaliser avec le blé tendre bio.

Depuis 2011, Alpina Savoie propose une gamme bio origine France et depuis 2019, elle pousse le défi jusqu’à exclure le recours à tout pesticide homologué en bio (Crédit photo : R. Lecocq)
Depuis 2011, Alpina Savoie propose une gamme bio origine France et depuis 2019, elle pousse le défi jusqu’à exclure le recours à tout pesticide homologué en bio (Crédit photo : R. Lecocq)

Zéro pesticide bio

Pour autant, le semoulier-pastier français Alpina Savoie, basé à Chambéry (Savoie) ne recule pas devant l’adversité. Depuis 2011, l’entreprise propose en effet une gamme bio origine France et depuis 2019, elle pousse le défi jusqu’à exclure le recours à tout pesticide homologué en bio, en partenariat avec le collecteur Biosud, basé à Arles (Bouches-du-Rhône), le tout assorti du label Zéro résidu de pesticide et des contrats de trois passés avec les agriculteurs.

2019, c’est aussi l’année ou Alpina Savoie s’est engagée dans un programme d’impact comparé d’itinéraires conventionnels et bio non traité sur la biodiversité, destiné à accompagner les producteurs dans l’évolution de leurs pratiques. Le projet est confié à l’Institut de recherche de la Tour du Valat, lequel vient de délivrer ses premiers enseignements concernant différentes infrastructures agroécologiques telles que les nichoirs, les bandes enherbées, les haies à trouées ou encore l’impact des roseaux en bordure des canaux présents dans la zone de production qu’est la Camargue.

Un guide en préparation

Les roseaux ont un impact positif sur les oiseaux paludicoles, d’où la recommandation de ne pas la brûler ou de l’arracher à la mauvaise saison. Les bandes enherbées sont elles aussi propices aux oiseaux et aux araignées. En Camargue, ces bordures sont souvent de largeur limitée et utilisées pour la circulation d’engins agricoles. Il est donc préconisé de conserver des bords de champ larges et d’éviter les agrandissements parcellaires issus de la fusion de parcelles adjacentes. Même effet positif pour les haies, à conditions de ménager des trouées, pour ménager les auxiliaires que sont les syrphes. Concernant les haies, un travail complémentaire en cours devrait permettre de localiser les secteurs où la replantation de haies aurait le meilleur impact. L’installation de nichoirs pour les oiseaux et de gîtes pour les chauve-souris s’est également avérée positive.

Fort de ces enseignements, un guide de bonnes pratiques à l’attention des agriculteurs est en préparation.