Arrachages à Bordeaux : la plateforme de pré-candidature est ouverte

Une convention tripartite conclue entre le ministère de l’Agriculture, la Région Nouvelle-Aquitaine et le CIVB ouvre la voie à une prime d’arrachage 6000 €/ha, motivée par des problèmes de mévente, accentuant le risque de propagation de la flavescence dorée.

La Direction départementale des territoires et de la mer de la Gironde a ouvert ce 5 juin la plateforme destinée à recueillir les intentions d’arrachage des viticulteurs bordelais. Ces derniers ont jusqu’au 17 juillet prochain pour faire connaître leurs intentions aux pouvoirs publics. « Ces pré-candidatures ne valent pas autorisation d’arrachage, mais elles seront traitées en priorité au moment des demandes finales et officielles », précise un communiqué du ministère de l’Agriculture.

Une crise économique aux dégâts sanitaires collatéraux

Le ministère de l’Agriculture, la Région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) ont signé ce 5 juin la convention tripartite entérinant un programme d’arrachage. Les trois parties prenantes vont respectivement débloquer 30, 10 et 19 millions d’euros millions d’euros, l’Etat étant disposé à porter sa participation jusqu’à 38 millions d’euros, soit un total de 67 millions d’euros. « Ce plan intervient dans un contexte de profonde crise économique d’un grand nombre d’exploitations du vignoble de Bordeaux, aux profils multiples, qui se trouvent plongé dans des situations très difficiles et dans l’incapacité, matérielle et financière, de poursuivre l’entretien de leur vignoble, justifie le ministère. Le risque est que ces vignes soient abandonnées et deviennent des foyers de maladies, comme la flavescence dorée, exposant l’ensemble du vignoble à une situation phytosanitaire incontrôlable ».

6000 euros par hectare

L’arrachage sanitaire de vignes en passe d’être abandonnées vers du boisement ou de la conversion en zones naturelles (à la charge de l’Etat) et l’arrachage sanitaire de vignes pour diversifier les cultures du viticulteur vers d’autres activités agricoles (à la charge du CIVB) seront financés à hauteur de 6000 € par hectare. Une aide aux investissements par la Région vient compléter le dispositif pour les parcelles qui font l’objet d’une reconversion agricole. La reforestation se fera via un dispositif clé en main avec le groupe coopératif Alliance Forêt Bois (AFB).

Orientée à 85% en rouge et valorisée à 40% en vrac, une partie du vignoble subit les affres de la surproduction, dans un contexte de baisse de consommation de vin rouge, que l’institut d’études Kantar évalue à -30% sur les dix ans passés, toutes origines confondues. A Bordeaux, les stocks s’accumulent et les coûts de production passent largement sous les prix de de vente, avec pour conséquences des trésoreries exsangues, des vignes abandonnées et des futurs retraités qui voient s’envoler leur fermage et leur complément de retraite.

Programme national de distillation

La crise économique n’étant pas l’apanage du vignoble bordelais, le ministère de l’Agriculture a par ailleurs engagé une campagne de distillation pour un montant de 40 millions d’euros de crédits nationaux complétés de 40 millions de l’enveloppe de financements européens du Fonds européen agricole de garantie (FEAGA). Une seconde campagne, du même calibre, pourrait être enclenchée à partir du mois d’octobre. Les viticulteurs peuvent par ailleurs bénéficier de la prolongation du dispositif de rééchelonnement Prêts garantis par l’État (PGE) jusqu’au 31 décembre 2023.