Comment générer le minimum de charges sur son exploitation ? Exemple d'une installation en système herbager

Fondé sur un système 100 % herbager et des vaches en extérieur toute l’année, l’élevage laitier d’Arthur Brachet fonctionne avec un niveau de charge limité. La gestion du pâturage est la clé de réussite de ce modèle économique.

C’est sur la commune de Blain, entre Loire et Bretagne, qu’Arthur Brachet s’est installé en novembre dernier. Sur cette exploitation atypique de 36 vaches laitières et 63 ha, il a perpétue le fonctionnement de son cédant, Eric Favre, précurseur du système herbager intensif en Loire-Atlantique. « J’ai 20 parcelles accessibles pour les vaches. Mon système repose sur des bons chemins, avec de l’eau et de l’électricité dans chaque parcelle » souligne l’éleveur. En suivant un planning rigoureux, le troupeau suit un parcours de parcelle en parcelle dans un ordre toujours respecté de début mars à fin novembre. La gestion du pâturage se fait au jour le jour pour éviter le surpâturage ou la surproduction d’herbe. « Si je me fais déborder au printemps, je débraye des parcelles courant mai pour l'enrubannage » détaille-t-il.

Une gestion du calendrier millimétrée

Avec ce système, il nourrit son troupeau exclusivement à l’herbe du 15 mars au 15 octobre. « À partir de la mi-octobre, je commence la transition avec le foin. Dès le 25 octobre, je débute les inséminations pour avoir un vêlage groupé et je nourris mon troupeau avec une alimentation à base d’orge et de tourteau de colza pour déclencher les chaleurs. Avec ce calendrier, l’objectif est d’avoir le moins de vache possible à la traite en été lorsqu’il n’y a plus d’herbe. L’an dernier, cela a tellement bien marché qu’il y avait à peine assez de lait pour faire fonctionner le tank en août » explique Arthur Brachet. Ses vaches affichent des performances en deçà des standards avec un objectif de 5500l/an. 

Pas de maïs ensilage

En se passant de maïs ensilage, l’éleveur ligérien fait un choix stratégique. « Produire 1 kg d’herbe pâturée représente un coût dix fois moins important que pour produire 1kg de maïs ensilage » évalue-t-il en maitrisant ainsi son niveau de charges.  « L’exploitation a récemment intégré 18 ha supplémentaires. Je pourrais les implanter en grandes cultures car ce sont de bonnes terres et ça m’apporterait plus d’autonomie alimentaire l’hiver, mais je préfère les conserver en prairie et garder des bœufs à engraisser » assure-t-il. En conversion vers l’agriculture biologique, Arthur Brachet explique ne pas être à l’aise sur le volet agronomique de la gestion de grande culture. Il juge l’itinéraire cultural particulièrement risqué et technique en bio. « Même si je fais faire par la Cuma, ça représente une charge mentale de prise de décision supplémentaire » constate-t-il.

Un élevage sans bâtiment d’élevage

La particularité de l’exploitation d’Arthur Brachet ne s’arrête pas au raisonnement de l’alimentation. Dans son système économique, Eric Favre avait également réduit les charges au minimum sur la partie structurelle. Les seuls bâtiments présents sur le site sont : 

- Le bloc comprenant la salle de traite et le bureau

- Un auvent au-dessus de l’aire de distribution du fourrage

- Un bâtiment de stockage du foin

- Un bâtiment de stockage du foin et du matériel.

« Les vaches passent toute l’année dehors. En hiver, quand il n’y a plus d’herbe et que la portance n’est pas bonne, elles restent sur les parcelles d’hivernage » décrit l’éleveur. Si la situation peut devenir compliquée sur ces parcelles dédiées lors des fins d’hiver pluvieux, l’éleveur ne relève pas de problèmes particuliers sur l’état sanitaire et corporel du troupeau. En termes de charge, l’exploitant ne supporte pas le coût d’investissement d’une stabulation, mais il économise le coût de la paille et réduit largement celui de l’épandage qui représente des volumes minimes. La fosse est vidée une fois par an par la Cuma sur les parcelles les moins pâturées. Aucun autre apport de fertilisation n’est réalisé mécaniquement sur la ferme.

Fin février, l’état des parcelles d’hivernage peut se dégrader. Elles intégreront la rotation du système herbager une fois que les vaches seront passées une fois dans chacune des autres parcelles. © TD

L’élevage des génisses en extérieur

Le principe appliqué aux vaches laitières vaut également pour les génisses. « Les jeunes que je garde pour le renouvellement restent sous leur mère les 5 premières semaines. Ensuite, dès qu’elles sont plus robustes, elles ont une phase de transition pendant laquelle je leur apporte du lait et du foin de la 5ème à la 10 ème semaine. À partir de la 11ème semaine, elles n’ont plus de lait, mais je leur met des céréales » rapporte-t-il. Elles vêlent ensuite à trois ans. « Sans maïs dans la ration, elles arrêteraient leur croissance si je les faisais vêler à deux ans » constate-t-il.