Crédits carbone : « Les acheteurs répondent aux appels à projet et le prix augmente »

France Carbon Agri a lancé un 4ème appel à projet à hauteur de 91.000 teqCO2, en se félicitant de la réponse du marché aux précédents appels, cumulant 1,4 Mt eq.CO2. Reste à préserver cet acquis dans la comptabilité des exploitations face à des acheteurs susceptibles de diluer la valeur dans les prix d’achat du lait, de la viande ou des céréales.

« Le premier appel à projet est bouclé à hauteur de 95% et les 137.000 tonnes d’équivalent CO2 évitées ont été vendues à un prix net final agriculteur proche de 31 euros la tonne, soit au-dessus du prix minimal fixé à 30 euros ». Telle est l’une des annonces faites par France Carbon Agri (FCAA) au Sommet de l’élevage, par la voix de son secrétaire général Gilles Durlin.

Secrétaire général de France Carbon Agri, Gilles Durlin est l’un des 300 éleveurs à s’être engagé dans le premier appel à projet, lancé par FCCA en 2020
Secrétaire général de France Carbon Agri, Gilles Durlin est l’un des 300 éleveurs à s’être engagé dans le premier appel à projet, lancé par FCCA en 2020

Eleveur laitier dans les Hauts-de-France, Gilles Durlin est l’un des 300 éleveurs à s’être engagé dans le premier appel à projet, lancé par FCCA en 2020. Depuis, deux autres appels ont suivi, à hauteur de 558.000 teqCO2 (2021, 930 agriculteurs) et 708.000 teqCO2 (2022, 1170 agriculteurs). « Environ 15% des crédits carbone du deuxième appel à projet sont déjà vendus et on espère décrocher de très gros contrats d’ici à la fin de l’année, précise Gilles Durlin. Quant au troisième, il vient juste de rentrer dans les tuyaux et suscite déjà l’intérêt d’entreprises ».

Autre bonne nouvelle : le prix de la tonne progresse. « Sur le deuxième appel à projet, on devrait approcher un prix moyen d'environ 32 euros la tonne », indique Gilles Durlin. Les crédits carbone contribuent à financer tout ou partie de la transition climatique des exploitations, par l’activation de différents leviers (gestion du troupeau, conduite des cultures, alimentation, gestion des déjections, consommation d’énergie).

Comparaison de la marge des élevages laitiers en fonction des émissions de gaz à effet de serre (Source : FCAA)
Comparaison de la marge des élevages laitiers en fonction des émissions de gaz à effet de serre (Source : FCAA)

Le programme de recherche Life Carbon Dairy, qui a débouché sur la labellisation de la méthode Carbon Agri, avait par ailleurs mis en évidence un gain de marge brute pour les élevages laitiers les moins émetteurs, démontrant que l’efficience environnementale se conjuguait avec l’efficience économique. « Nous n’avons pas attendu le label bas-carbone pour travailler l’amélioration quotidienne de nos performances », précise Gilles Durlin.

Et du reste, en dépit d’une conjoncture plutôt favorable aux crédits carbone, FCCA reste sur ses gardes. « Avec le label bas-carbone, nous avons réussi à matérialiser, quantifier et certifier une valeur du carbone bien distincte de la valeur du produit. Face à des acheteurs de lait, de viande, ou de céréales, soucieux d’intégrer les Scope 3, c’est à dire les émissions indirectes générées en amont, dans leur comptabilité carbone, le risque est de les voir faire pression sur les prix des produits agricoles. Il est impératif de préserver la différenciation entre le prix des matières premières et la valeur du carbone ».

Fort de l’adhésion des acheteurs aux crédits carbone, France Carbon Agri a lancé cet été un quatrième appel à projet, auquel ont adhéré 140 céréaliers. « Certains acheteurs ne se retrouvent pas dans l’offre de crédits carbone de nos précédents appels à projet, pour des questions de proximité géographique ou de typologie d’exploitation, justifie Gilles Durlin. C’est pour cette raison que nous lançons un nouvel appel à projet, sans avoir achevé de commercialiser les crédits disponibles ».