Des bons « diagnostic carbone » pour les jeunes installés

Le Plan de relance alloue 10 millions d’euros à l’opération, qui devrait permettre à environ 5000 installés de moins de 5 ans de réaliser un diagnostic de leur exploitation, pour un reste à charge de 250 euros.

En France des milliers d’exploitations se sont déjà pliées à l’exercice du diagnostic carbone, dans le cadre notamment des programmes Life carbon dairy et Life beef carbon, menés par l’Institut de l’élevage, France Conseil élevage, la Coopération agricole et les Chambres d’agriculture. Ces programmes expérimentaux ont contribué à mettre au point une méthodologie certifiant les démarches d’évitement et de séquestration de gaz à effet de serre (GES), formalisées par le Label bas carbone (LBC) délivré par le ministère de la Transition écologique. L’élevage de gros ruminants a depuis été rejoint par la plantation de haies et la plantation de nouveau vergers, en attendant les grandes cultures.

218 opérateurs agréés

La décarbonation de l’agriculture s’inscrit dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone, adoptée en 2015, et qui formalise l’engagement de la France à lutter contre le changement climatique, avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. En France, l’agriculture est responsable de 20% des émissions des GES que sont le protoxyde d’azote (N2O, 51% des émissions), le méthane (CH4, 41% des émissions) et le dioxyde de carbone (CO2, 8% des émissions). L’incidence du N2O et du CH4 s'explique par leur pouvoir de réchauffement global, respectivement 298 fois et 25 fois plus élevé que celui du CO2.

La Plan de relance va donc apporter sa contribution à l’objectif de réduction de l’empreinte carbone, via des bons diagnostic carbone, ciblant les agriculteurs installés depuis moins de cinq ans.

Sur l’ensemble du territoire, 218 opérateurs ont été agréés par l’Ademe (Agence de transition écologique, avec en première ligne le réseau des Chambres d’agriculture, fort de plus de 600 conseillers spécialement formés.

La carte des 218 opérateurs agréés pour réaliser un diagnostic carbone (Crédit : ministère de l'Agriculture)
La carte des 218 opérateurs agréés pour réaliser un diagnostic carbone (Crédit : ministère de l'Agriculture)

Diagnostic, plan d’actions, accompagnement

Le bon diagnostic carbone comporte trois composantes, à commencer par un diagnostic des GES, réalisé sur la base des outils réglementaires en vigueur. Il couvre l’ensemble du périmètre de l’activité de l’exploitation agricole, détaillant les émissions liées aux intrants et l’évaluation du potentiel de stockage de carbone.

Le diagnostic débouche sur un plan d’actions, assorti d’un échéancier à court terme (1 à 5 ans) et moyen terme (5 à 15 ans). Le plan d’actions détaille toutes les mesures d’amélioration du bilan GES et fournit plusieurs analyses relatives à la vulnérabilité́ de l’exploitation aux effets du changement climatique, à l’incidence technico-économique des mesures proposées, aux effets et bénéfices sur d’autres enjeux environnementaux (usage des produits phytosanitaires, qualité des sols, biodiversité, gestion quantitative de l’eau). Le plan d’action comporte des indicateurs de suivi fiables et pouvant être mis en œuvre directement par les agriculteurs.

Le bon diagnostic carbone s’achève enfin par un dispositif d’accompagnement postérieur au plan d’actions, destiné à favoriser l’engagement de l’agriculteur dans le plan d’actions et à lever les freins à sa mise en œuvre.

 

Les 10 leviers identifiés par l'INRAE :

- diminuer le recours aux engrais minéraux de synthèse en ajustant mieux aux besoins de la culture, en valorisant mieux les fertilisants organiques, en améliorant l’efficacité de l’azote (retard du premier apport au printemps, ajout d'un inhibiteur de nitrification, enfouissement localisé de l'engrais).

- accroître la part de légumineuses à graines en grande culture et introduire et maintenir une plus forte proportion de légumineuses dans les prairies temporaires.

- abandonner le labour au profit du semis direct continu, du semis direct avec labour occasionnel 1 an sur 5, à du travail superficiel du sol en continu.

- étendre ou généraliser les cultures intermédiaires en grande culture, les cultures intercalaires en verger et vignoble (enherbement permanent ou temporaire du sol), les bandes enherbées en périphérie de parcelles.

- développer l'agroforesterie et les haies

- optimiser la gestion des prairies (allonger le le pâturage, accroître la durée de vie des prairies temporaires, réduire la fertilisation des prairies les plus intensives, intensifier modérément les prairies permanentes les plus extensives (landes...) en augmentant le chargement animal pour accroître la production végétale et donc le stockage de carbone.

- réduire la production de méthane des bovins en orientant le fonctionnement du rumen vers des voies métaboliques moins productrices de CH4, via des modifications de rations, l’intégration de lipides insaturés (sous forme de graines d'oléagineux) en substitution à des glucides, l’ajout d’additif (du nitrate) dans les rations pauvres en azote fermentescible à base d'ensilage de maïs

- réduire la fraction d’apports protéiques non fixés par les vaches laitières et ajuster la ration des porcs à leur stade de développement

- capter le CH4 produit par la fermentation des effluents d'élevage durant leur stockage ( (torchères, méthanisation)

- réduire la consommation d'énergies fossiles (gaz, fioul, gazole) dans les bâtiments, serres et véhicules