En attendant Ecophyto 2030

Les derniers indicateurs de suivi du plan Ecophyto2+ actent une « diminution marquée et historique de l’usage des phytos », selon le gouvernement, qui présentera à la rentrée la nouvelle feuille de route Ecophyto 2030. Mais les associations de grandes cultures s’inquiètent du calendrier et de la faiblesse des alternatives dans les situations d’impasse.

Réduire les usages et les risques pour la santé humaine et pour l’environnement, adapter les techniques de protection pour ne pas laisser les agriculteurs sans solution : telle sera la feuille de route du nouveau plan Ecophyto 2030, dont les orientations et les objectifs stratégiques seront présentés aux parties prenantes à la rentrée 2023.

Lancé en 2015, le plan Ecophyto 2 avait pour objectif de réduire de 25% l’usage des produits phytos à l’horizon 2020 et de 50% à l’horizon 2025. Il succédait au Plan Ecophyto 1 de 2008 (-50% à 2018 « si possible ») et précédait le Plan Ecophyto 2+ de 2018 (séparation vente-conseil, sortie du glyphosate, etc.), réaffirmant au passage les objectifs de réduction de 25% et 50% et leurs échéances. On est très loin du compte.

Sous la gouverne du Secrétariat général à la planification écologique, le plan Ecophyto 2030 est destiné à anticiper le retrait des substances actives les plus préoccupantes, préserver les applicateurs et l’environnement, poursuivre les objectifs de réduction, renforcer le développement des solutions alternatives et enfin accélérer et massifier le changement des pratiques et la reconception des systèmes.

Les associations de grandes cultures sur le qui-vive

Le chantier préparatoire à Ecophyto fait l’objet de concertations avec la profession, notamment dans le cadre du Comité interministériel d’anticipation du retrait des substances actives et d’évaluation des pratiques alternatives. Mais les associations de grandes cultures (AGPB, AGPM, CGB, FOP et UNPT) se sont retirées des discussions suite à la tenue du dernier Comité, dénonçant « un calendrier contraint incompatible avec les réalités de terrain et le temps de la recherche » (...). « Les faits sont têtus : les impasses se multiplient dans les filières grandes cultures concernées au premier chef, fragilisant durablement nos productions et notre souveraineté agricole et alimentaire, tandis que les solutions alternatives peinent à émerger ou à faire la démonstration de leur efficacité ».

Les derniers indicateurs d’Ecophyto2+

En attendant, le ministère de l’Agriculture assure le service après-vente d’Ecophyto2+. « Hors AB et biocontrôle, avec 43.000 tonnes en 2022, la quantité de substances actives (QSA) est en baisse de 20% par rapport à la moyenne 2015-2017 », sans toutefois occulter une QSA « stable sur les trois dernières années, dans un contexte de pression biotique faible à modéré ».

En ce qui concerne le NODU, il s’élève à 89,4 millions d’hectare en 2022. En moyenne triennale, le NODU agricole 2020-2022 est en légère progression par rapport au NODU 2019-2021 mais en régression de 11,5% par rapport à la moyenne 2015-2017, marquant « un niveau plateau à la baisse globalement stable depuis 3 ans ».

En ce qui concerne les substances actives qui présentent un risque, avéré ou suspecté, pour la santé humaine, leurs ventes s’établissent en 2022 autour de 10.000 tonnes contre près de 20.000 tonnes au début du plan Écophyto en 2009. En particulier, les ventes de substances CMR1 (risque avéré), classées comme telles en 2017, sont en 2022 « très proches de zéro », « marqueur de l'effort de la France à Bruxelles pour ne pas autoriser la vente et l'utilisation des substances actives considérées comme les plus préoccupantes ».

Pour le glyphosate, le NODU s’établit en 2022 à 3,5 millions d’hectares, en retrait de 27% par rapport à la période 2015-2017. « Cela fait suite à une politique ambitieuse en faveur de la diminution de l’utilisation de glyphosate, avec l’instauration d’un crédit d’impôt glyphosate en 2021 et 2022 et la révision des autorisations de mise sur le marché menée par l’Anses », argumente le ministère de l’Agriculture. L’usage de la substance, en grandes cultures, arboriculture fruitière, viticulture et forêt, est dorénavant restreint aux situations dans lesquelles le glyphosate n’est pas substituable à court terme.

Pour le gouvernement, « les indicateurs de suivi du plan Écophyto marquent une diminution marquée et historique de l’usage des phytos, signe de l’action engagée depuis 2017 ».