Front commun de la "famille agricole" pour aider les agriculteurs en souffrance

Le syndicalisme majoritaire et la MSA font des propositions pour améliorer l'accompagnement des exploitants en souffrance, avec notamment la mise en place d'une forme de préretraite pour les agriculteurs à bout.

"Il y a 30% de suicides supplémentaires dans la profession agricole par rapport aux autres professions", a rappelé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, lors d'une conférence de presse le 30 juin avec les Jeunes agriculteurs (JA), les chambres d'agriculture et la MSA. Selon le chiffre le plus récent dont dispose la MSA, 529 salariés et exploitants agricoles ont mis fin à leurs jours en 2016. "60% des agriculteurs qui se suicident ont entre 55 et 70 ans. Cela veut dire qu'il y a un malaise lié à la transmission, à l'arrêt du travail, un sentiment d'inutilité, qui appelle une réaction", a souligné Mme Lambert.

Les organisations proposent de créer une aide de 12.000 euros par an pour les chefs d'exploitation de plus de 57 ans traversant de graves difficultés économiques, familiales ou de santé, à condition qu'un jeune s'installe sur leur exploitation, a détaillé Julien Rougier, pour les JA. L'enveloppe annuelle est estimée à environ 12 millions d'euros, dans l'optique de financer 10 dossiers par département et par an.

Des cellules pour "Réagir"

Il est aussi suggéré d'allonger au-delà de 10 jours l'aide au répit, qui permet de remplacer sur l'exploitation les adhérents de la MSA en situation d'épuisement professionnel, ou encore de développer le mentorat. Les organisations veulent aussi rendre plus visible et efficace l'action des cellules d'accompagnement gérées par les chambres d'agriculture, toutes rebaptisées "Réagir". 

Ce sont "quasiment 10.000 agriculteurs qui sont accompagnés en permanence" par ces cellules, a indiqué le président des chambres d'agriculture, Sébastien Windsor. Soixante pour cent "fort heureusement" restent dans le monde agricole, quand les autres sont accompagnés "vers une sortie la moins douloureuse possible", a-t-il ajouté.

Pour le président des JA, Samuel Vandaele, les membres de la "famille agricole" ne doivent pas hésiter à "chasser en meute pour aller au coeur du problème (de l'agriculteur) et le résoudre". Ces organisations espèrent que leurs propositions seront reprises par le ministère de l'Agriculture. Celui-ci avait promis, en décembre 2020, de présenter "dans les prochains mois" un "plan d'action opérationnel" sur la prévention du suicide des agriculteurs. Le député de la majorité Olivier Damaisin venait de lui remettre un rapport sur le sujet. Un rapport a aussi été publié en mars par les sénateurs Henri Cabanel et Françoise Férat.

Présent à la conférence, M. Damaisin a mis en garde contre une baisse des moyens de la MSA dans le cadre de la négociation de sa convention d'objectifs et de gestion (COG) avec l'Etat pour la période 2021-2025. Selon lui, l'Etat demande de supprimer près de 1.500 postes (équivalent temps plein), "l'équivalent de quatre, cinq caisses départementales". "Ce n'est pas la peine de dire qu'on veut le bien-être des agriculteurs, éviter les suicides, et supprimer les moyens" de la MSA, a pointé l'élu du Lot-et-Garonne.