Prévention du suicide : les 7 principales recommandations du député Damaisin

Le député (LREM) du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin, recommande de mieux coordonner localement l'accompagnement des agriculteurs en souffrance et de former davantage de citoyens "sentinelles" pour les orienter précocement vers des dispositifs de soutien, dans un rapport sur la prévention des suicides dans le monde agricole remis le 1er décembre au gouvernement.

Si le phénomène a longtemps été globalement "mis sous cloche", a estimé l'élu, nombre d'initiatives existent. Le problème, "c'est la coordination entre tout ça". Voici ses principales recommandations.

1 - Communiquer à destination des personnes en souffrance

L'élu suggère de diffuser plus largement "une information générale et non stigmatisante sur le mal-être pour qu'il ne soit pas un sujet tabou" et de mieux faire connaître les plateformes d'écoute, comme Agri'écoute, financée par la sécurité sociale agricole (MSA) et accessible 24H/24 au 09.69.39.29.19.

Il plaide aussi pour une publication annuelle du taux de mortalité par suicide et d'une "analyse fine de la typologie des agriculteurs concernés et des causes". Il n'est "pas normal", a-t-il déclaré à l'AFP, que les chiffres les plus récents datent de 2015. La MSA a dénombré cette année-là 372 suicides d'exploitants agricoles, plus d'un par jour.

2 - Mobiliser et former des "sentinelles"

Pour repérer les agriculteurs fragilisés et les orienter vers les dispositifs d'accompagnement, Olivier Damaisin suggère de recruter et former de nouvelles "sentinelles" parmi les personnes qui gravitent autour des agriculteurs, comme les salariés de coopératives, conseillers de Chambre d'agriculture, techniciens de contrôle laitier, vétérinaires, mais aussi facteurs, élus locaux, médecins et pharmaciens.

3 - Coordonner

Olivier Damaisin propose la création d'un observatoire national des exploitations en difficulté, sous l'égide du ministère de l'Agriculture. Selon lui, les cellules d'accompagnement des agriculteurs mises en place par l'Etat dans la plupart des départements pourraient contribuer "à la nécessaire coordination des acteurs de la prévention".

Le député souhaite "améliorer" leur fonctionnement et réviser leur composition afin que ces cellules - qui réunissent des acteurs institutionnels - incluent par exemple des vétérinaires libéraux, "qui sont parmi les acteurs les mieux placés pour observer l'état des troupeaux sur les exploitations, indicateur d'un possible mal-être des éleveurs". Il estime qu'il conviendrait par ailleurs de mieux encadrer "à quel moment et selon quelles règles" les banques "peuvent intervenir".

4 - Accompagner les agriculteurs en difficulté

M. Damaisin conseille notamment de développer des dispositifs de mentorat entre un agriculteur et un entrepreneur dont les activités sont étrangères à l'agriculture, à l'image de ce qui est développé par la Chambre d'agriculture de Saône-et-Loire.

La question du devenir des terres agricoles étant très sensible, il plaide pour "renforcer et vulgariser" des dispositifs de portage foncier permettant par exemple à un agriculteur de continuer à travailler les terres qu'il a dû se résoudre à vendre, voire de les racheter plus tard.

5 - Accompagner les nouveaux agriculteurs

"La prévention du mal-être doit commencer très tôt avec une sensibilisation dès la formation initiale", souligne le député, qui juge aussi "utile de développer un dispositif de tutorat par un agriculteur expérimenté, volontaire et sans intérêt personnel".

6 - Communiquer positivement sur l'agriculture

"La revalorisation de l'agriculture et de son rôle social sont nécessaires", relève le député. Reprenant à son compte le terme d'"agribashing", il estime que la contestation visant les pesticides ou les systèmes d'élevage intensifs renvoie aux agriculteurs "une image dévalorisante de leur métier" qui peut se cumuler avec le reste de leurs difficultés.

7 - Financer

M. Damaisin plaide notamment pour continuer à donner à la MSA les moyens de son "aide au répit", qui finance le remplacement jusqu'à 10 jours des adhérents en situation d'épuisement professionnel, leur permettant de se reposer.