Deux jeunes “hors cadre” assurent la poursuite de l’exploitation

Marjorie Roche s’est installée il y a un an sur l’exploitation de son conjoint, en remplacement de son associé, assurant ainsi la poursuite de l’activité.

Marjorie Roche s'est installée en janvier 2019 sur le Gaec de la Rochette à Isserteaux. À 28 ans, elle a rejoint son compagnon, Damien Chassaing, pour remplacer son associé. À eux deux ils assurent ainsi la continuité de cette exploitation laitière du Livradois. Entre passion et sens du devoir, les deux jeunes éleveurs travaillent d'un pas serein. 

S'associer ou tout stopper

Marjorie et Damien se sont rencontrés lors de leurs études agricoles à Brioude-Bonnefont. Si Damien trouve à s'installer au Gaec de la Rochette en remplacement d'un associé, ce n'est pas le cas de Marjorie. La jeune femme est pourtant bien décidée à devenir un jour agricultrice. « J'ai fait mon BTS en apprentissage et le patron qui m'em- ployait m'a complétement immergé dans le métier. Il m'a montré la compta, l'élevage, les formations professionnelles... Cette expérience a été "hyper" enrichissante. » Son apprentissage s'est terminé en août  2014. Dès lors, elle enchaîne les petits boulots jusqu'à être employée à l'abattoir de volailles Sedivol à Isserteaux. « Je venais très souvent rendre visite à Damien sur le Gaec. Je passais mes week-ends et mes vacances sur la ferme à l'aider. » Travailler ensemble apparaît, aux yeux du jeune couple, comme une évidence. Cependant, la structure ne permet pas encore l'entrée de Marjorie.

En 2018, l'associé de Damien est contraint d'arrêter de travailler. Il se retrouve alors seul pour élever les 70 vaches laitières et conduire l'atelier de bœufs laitiers. « Il fallait prendre rapidement une décision parce que Damien devenait fou ! La charge de travail était trop lourde pour une seule personne. Je n'ai pas réfléchi longtemps. J'ai démissionné de mon poste à l'abattoir et j'ai entamé le parcours à l'installation. »

La passion avant l'obligation

La situation a donc encouragé Marjorie à s'installer pour épauler son compagnon. Du moins, c'est ce que l'apparence offre au premier abord. « Je me suis installée certes pour permettre à l'exploitation de continuer de vivre mais aussi, et surtout, par passion. C'est un métier difficile, le faire par dépit n'est ni concevable, ni envisageable à long terme. » Commence alors pour les deux jeunes la vie d'éleveurs laitiers. Parfaitement préparés sur les aspects techniques, ils découvrent le pendant du travail en couple avec ses hauts et ses bas. « Ce métier offre un certain confort pour la gestion de la vie privée et de la vie professionnelle, à condition de bien différencier les deux. Le plus dur parfois est de laisser les problèmes de la ferme à la ferme et les problèmes de la maison à la maison. »

Marjorie et Damien disent parvenir à ce délicat équilibre grâce à leurs histoires communes. Tous deux ne sont pas enfants d'agriculteurs et tous deux n'ont pas été encouragés par leur famille respective pour embrasser ce dur labeur. « C'est notre choix et maintenant nous en sommes fiers » ajoute Marjorie.  Deux têtes bien remplies et bien soudées qui sont également le résultat de l'ouverture vers les autres. « On ne peut pas rester enfer- més sur notre ferme. Ce n'est ni viable ni vivable aujourd'hui. Il faut aller voir ailleurs ce qui se fait, se confronter aux autres et s'entourer. C'est très important pour acquérir de la confiance et la maturité nécessaires pour relever tous les défis auxquels nous sommes confrontés sur notre ferme. »